#POUJADISME - En déclarant dimanche que les manifestations des "bonnets rouges"étaient une "révolte citoyenne " et qu'elle y voyait "quelque chose d'assez réconfortant", Ségolène Royal a de nouveau fait un pas de côté vis-à-vis du gouvernement. Les ministres invités des matinales ce lundi 11 novembre tentent de ne pas lui en tenir rigueur. Tous, sauf un.
Invité de RFI, le ministre délégué aux Anciens combattants Kader Arif s'est élevé contre un "climat presque insurrectionnel" encouragé par certaines personnalités politiques :
"On ne peut pas accepter ce climat presque insurrectionnel. (...)
Ce n'est pas acceptable qu’il y ait des relais politiques qui entretiennent ça. (...)
Moi je ne vais pas citer de noms. Je ne peux pas accepter, quand on se considère femme ou homme en responsabilité politique, que de jouer sur la colère des autres, que sur cette colère on essaye de créer un climat, de surfer sur ce qui parfois ressemble à du poujadisme.
"
Depuis dimanche, Ségolène Royal a bel et bien rejoint cette liste des soutiens aux "bonnets rouges". Alors que le journaliste lui demande s'il est en train de dire que ses propos sont irresponsables, Kader Arif esquive ... avant de mieux faire référence aux déclarations de la présidente de Poitou-Charentes :
"Je n’ai pas à porter de jugement sur ce qu’a dit ou pas Ségolène Royal. Je ne partage pas ce qu’elle a exprimé, à l’évidence, mais après c’est à elle-même de juger de ses propos.
Qu’on veuille avoir un peuple en mouvement mais … la stabilité n’est pas l’immobilisme. Nous sommes dans la stabilité et pas l’immobilisme.
"
Le "peuple en mouvement", c'est très précisément ce qu'a loué Ségolène Royal la veille sur Canal Plus :
"Moi je préfère des peuples en mouvement à des peuples apathiques et qui se disent "on n’a plus rien à faire ni même à revendiquer".
La levée des Bretons, il y a quelque chose qui est assez réconfortant.
"
Invités respectivement de RTL et de BFMTV ce 11 novembre, les ministres Frédéric Cuvillier et Jean-Yves Le Drian se sont montrés moins tranchants. Le ministre chargé des Transports s'est contenté d'un :
"Dans un mouvement social il n’y a jamais rien de réconfortant car c’est un cri de détresse, d’inquiétude. En revanche ce qui est réconfortant, et en tout cas responsable, c’est que tous les partenaires sociaux et économiques se mettent autour d’une table. (...)
Je ne vais pas commenter tous les propos.
"
Quant au ministre de la Défense, tiraillé depuis le début de la crise puisqu'à la fois membre du gouvernement et élu de la région Bretagne, il a livré un bel exemple de réponse en deux parties, pour ne vexer personne :
"La protestation des bonnets rouges contre la façon dont l’écotaxe allait être appliquée en Bretagne peut se comprendre et a permis d’ouvrir un dialoguesur le pacte d’avenir pour la Bretagne (…)
Tout le monde travaille ensemble en ce moment pour définir le pacte d’avenir de la Bretagne initié par le Premier ministre. Et je trouve que là c’est une bonne logique, (...) c’est une sortie par le haut d’une situation perturbante.
Cette protestation pouvait se comprendre. Ce qui n’est pas acceptable c'est le vandalisme, lorsqu’on détruit des radars on s’attaque au bien public, on ne sert pas sa cause.
"