Troisième nuit pour Stéphane Gatignon sur la place Edouard-Herriot, à deux pas de l'Assemblée nationale. Le maire de Sevran est en grève de la faim à quelques mètres du Palais-Bourbon pour réclamer l'aide de l'Etat pour sa commune de Sevran.
(photo MaxPPP)
Depuis vendredi 9 novembre, l'élu d'Europe - Ecologie - Les Verts a vu défiler ministres, parlementaires et élus locaux à son chevet afin de le soutenir dans son combat.
Et lundi 12 novembre, c'est Cécile Duflot qui est attendue autour de la tente Quechua de Stéphane Gatignon. Selon l'entourage du maire, la ministre du Logement et ancienne patronne des écologistes viendra discuter et apporter son soutien.
>> edit, lundi 12 novembre, 10h45:
Pour l'heure, point de Cécile Duflot en vue, mais c'est l'autre ministre écolo du gouvernement, Pascal Canfin, qui annonce, sur twitter, être venu apporter son soutien à Stéphane Gatignon :
Je viens de passer voir Stéphane Gatignon, le maire de Sevran,pour lui apporter toute ma solidarité. — Pascal Canfin (@pcanfin) November 12, 2012
>> edit bis, 12h25 :
Cécile Duflot confirme sa venue auprès de Stéphane Gatignon, un rendez-vous prévu à 15h ce lundi.
Dimanche, la ministre du Logement a réagi a indiqué au Journal du Dimanche que Stéphane Gatignon avait "raison de se battre" :
Le gouvernement est conscient des difficultés de Sevran, une des villes les plus pauvres, dont les habitants sont pauvres…
Cécile Duflot et Stéphane Gatignon, deux personnes qui se connaissent bien, pour avoir milité ensemble dans le cadre d'Europe - Ecologie - Les Verts. "On se connait, on est amis" glisse le maire de Sevran au Lab.
Et il sait déjà ce qu'il va pouvoir lui dire :
Je vais lui dire ce que je lui ai déjà dit, quand je l'ai vue en juin, je lui ai déjà expliqué tout ça.
Je vais redire qu'il faut regarder ce que dit la chambre générale des comptes, chargée de veiller sur les comptes de nos villes.
La visite de la ministre n'a pas été indiquée dans son agenda officiel. Son entourage, contacté par LeLab, ne confirme ni n'infirme la venue de la ministre.
Avant la ministre du Logement, Manuel Valls, ancien maire d'Evry, est venu parmi les premiers marquer sa "solidarité" pour cet autre élu de banlieue.
Yamina Benguigui, ministre de la francophonie et réalisatrice d'un documentaire sur la Seine-Saint-Denis.
Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialistes, sont venus jusqu'à sa tente.
Ce dimanche soir, c'est Elisabeth Guigou, une autre élue du 93 et ancienne ministre de la Justice, qui lui a rendu visite pour lui communiquer toute sa solidarité.
Parmi les visites notables à venir, Jean Lassalle, le député centriste devrait également montrer le bout de son nez place Edouard-Herriot. L'élu du haut-Béarn s'était fait connaitre par une grève de la faim de cinq semaines, refusant la relocalisation d'une usine de sa circonscription. Mouvement finalement victorieux.
Samedi, François Lamy, ministre de la ville, avait annoncé que l'Etat, via l'ANRU, allait rembourser à la ville de Sevran la somme de 4,7 millions d'euros. Stéphane Gatignon ne voit pas cela comme une victoire ou un cadeau. Au Lab, il lance :
C'est bien mais c'est juste normal que l'Etat rembourse cette dette à la ville.
Pas de quoi pavoiser !
D'autres voix sont plus dures avec lui. Roselyne Bachelot, sur France Inter, salue le "courage" mais considère que cela s'apparente à du "chantage" :
Je suis extrêmement reservée. C'est un chantage ! Il reclame cinq millions d'euros pour sa commune mais on les prendra à quelqu'un d'autre.
Stéphane Gatignon repousse l'accusation de l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. "Bachelot ne vit pas notre vie, elle est ailleurs. Elle ne peut pas se rendre compte. Vu ce qu'elle gagne à D8, on ne peut pas avoir la même vision", riposte l'élu en jean et parka, dans la fraîcheur parisienne.
"Ce qu'il se passe là, c'est une autre forme de colère, mais c'est comparable à 2005", estime le maire de Sevran. Et il prévient : "là, c'est le combat de 2012, mais attendez 2013 quand les collectivités locales devront faire face aux emprunts toxiques".
Mardi, un débat parlementaire est prévu sur la DSU, dotation de solidarité urbaine, dont le but est d'aider les communes en difficulté. Stéphane Gatignon demande une hausse de 180 millions d'euros, et non de 120 millions comme le prévoit le gouvernement.