Ce fut la polémique du week-end et elle continue ce lundi. "Tel-Aviv sur Seine", cette "journée culturelle et festive" visant à mettre en valeur la ville israélienne dans le cadre de Paris Plage, le 13 août, sera vraisemblablement maintenue en dépit des virulentes critiques à l'encontre de cette initiative. Sur Europe 1 ce 10 août, Éric Ciotti se dit satisfait de cette fermeté de la part de la mairie de Paris et dénonce une polémique "aux relents antisémites", accusant "l'extrême gauche" parisienne.
L'une des saillies les plus fortes contre ce "Tel-Aviv sur Seine" est en effet venue de Danielle Simonnet, conseillère de Paris (Parti de Gauche), sur fond de conflit israélo-palestinien. Dans un communiqué diffusé samedi, l'élue dénonçait "le cynisme de l’organisation d’une telle journée dans le cadre de Paris Plages [qui] atteint les sommets de l’indécence", regrettant l'absence d'un "échange avec des israéliens humanistes" ou d'un "débat sur la situation du peuple palestinien".
Éric Ciotti y voit donc de l'antisémitisme. Il dit :
"Je suis scandalisé par cette polémique, qui est lancée aujourd'hui par l'extrême gauche, avec des relents - je le dis très clairement - antisémites.
"
"Mais quand on joue avec le diable, quelques fois on en paye le prix, pourquit le député LR des Alpes-Maritimes. Madame Hidalgo est alliée à Paris avec l'extrême gauche et aujourd'hui, cette manifestation est dénoncée par l'extrême gauche. Donc quand on a des alliances contre-nature, eh bien on en paye toujours le prix. C'est le cas du Parti socialiste."
Si Anne Hidalgo ne s'est pas personnellement exprimée sur le sujet, c'est son adjoint, Bruno Julliard, qui a été chargé de dégonfler la polémique, appelant à ne pas faire "d'amalgame" entre Tel-Aviv, "ville symbole de la tolérance et de la paix", et "la politique brutale du gouvernement israélien". Ce qui provoque des sentiments mitigés chez Éric Ciotti, là encore scandalisé par ces attaques "indignes" et "injustes" contre la "grande démocratie" qu'est Israël :
"Bien sûr, on doit maintenir cette opération et j'entendais monsieur Julliard avec un propos un peu ambigu, en disant qu'il fallait maintenir, ce que j'approuve, et en même temps en attaquant violemment le gouvernement israélien. Moi je dis que ces attaques contre Israël sont totalement indignes, injustes. Israël est une grande démocratie, que nous devons soutenir, dans une région du monde où cette démocratie constitue un point d'équilibre majeur pour l'occident.
"
Moins direct, son collègue de Les Républicains Thierry Mariani avait pour sa part estimé dimanche que cette "polémique ahurissante" était "révélatrice sur l'influence grandissante de certain lobby et sur la montée du communautarisme" :
#TelAvivSurSeine. Polémique hallucinante mais révélatrice sur l'influence grandissante de certain lobby et sur la montée du communautarisme
— Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) 9 Août 2015[Edit 10h]
S'il y a bien quelqu'un qui ne serait pas d'accord avec Éric Ciotti, c'est Christine Boutin. Et pourtant, elle n'est pas antisémite (même si des fois, elle ne se rend pas compte qu'elle relaye des messages qui le sont). Sur Sud Radio ce lundi, la présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate explique :
"Je soutiens Israël et le gouvernement israélien le sait parfaitement bien. Mais je ne suis pas certaine que la proposition faite par la maire de Paris soit une bonne idée actuellement. Il y a des tensions importantes entre les différentes communautés, je ne pense pas que ce soit une très bonne idée.
"
"Vous soutenez Israël mais vous n'auriez pas organisé 'Tel-Aviv sur Seine' ?", lui demande ensuite le journaliste. "Absolument", répond l'ancienne ministre du Logement, qui "soutient" pourtant Israël.
[Edit 12h55]
Interviewée sur France Inter ce lundi, Danielle Simonnet a réitéré sa demande à la ville de Paris, soit d'"annuler", soit "de réorganiser la manifestation", pour en faire "une manifestation en faveur de la paix, en faveur de la fraternité, en faveur de la lutte contre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme, et en faveur vraiment de la reconnaissance de l'État palestinien".
Et d'expliquer :
"Tel-Aviv, c'est pas Copacabana. Tel-Aviv, c'est la capitale d'Israël. [...] On va faire un événement pour valoriser l'ambiance festive de Tel-Aviv un an après les massacrres de Gaza de l'été dernier et alors que la situation en palestine continue de s'aggraver.
"
"Je crains beaucoup que ça se passe très mal et puis je pense que c'est un très mauvais message qui est envoyé", a-t-elle encore affirmé. Se revendiquant "militante engagée contre toutes formes de racisme et d'antisémitisme", l'élue PG a également jugé "hallucinant [...] qu'à partir du moment où vous exprimez une critique sur le gouvernement de l'État d'Israël, tout de suite vous vous faites taxer d'antisémitisme".
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