Tous contributeurs pour la campagne de Sarkozy ?

Publié à 15h27, le 10 décembre 2011 , Modifié à 16h02, le 10 décembre 2011

Tous contributeurs pour la campagne de Sarkozy ?
Nicolas Sarkozy lors d'un déplacement auprès des agriculteurs en décembre 2011. (Reuters)

Site Internet, déplacements, espace médiatique. Pour le PS, Nicolas Sarkozy utilise les moyens de l'Etat au service de sa campagne. A tel point que l'entourage de François Hollande a saisi il y a une dizaine de jours la Commission nationale des comptes de campagne sur les frais du président de la République "qui relèvent d'actes de propagande", selon eux.

Notre blogueur Romain Pigenel se saisit de l'occasion pour, en toute ironie, montrer comment Nicolas Sarkozy relance la démocratie participative et la rend bien plus efficace. 

  1. Nicolas Sarkozy relance la démocratie participative

    On la croyait disparue. On la croyait enterrée, ringardisée, so 2007. Archivée au Musée des modes politiques. Laissée de côté, même, par Ségolène Royal.

    Elle : la démocratie participative. Cette "forme de partage et d'exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision politique". Les débats avec les chaises en rond, les programmes présidentiels qu'on construit à plusieurs. Fini.

    Et pourtant : le fossé n'a jamais été aussi grand entre les responsables politiques et les citoyens. La crise économique, aux yeux des seconds, retire tout pouvoir aux premiers. Le débat de la présidentielle se perd en inutiles polémiques. François Fillon se cache sur Twitter. Christian Morin se présente à la présidentielle, délaissant la clarinette. C'est, si vous me permettez l'expression, le grand bordel.

    Alors le président Sarkozy, dans sa grande sagesse, s'est dit qu'il fallait faire quelque chose pour renouer le fil ténu, aujourd'hui rompu, entre les citoyens et ceux qui décident pour eux. Remettre du participatif dans la démocratie, du lien entre la France d'en-bas et celle d'en-haut. Il a donc inventé le financement participatif de campagne.

    Quésako ? Il s'agit, dans un esprit qui n'est pas sans rappeler celui de son mentor Édouard Balladur (qui avait financé sa campagne présidentielle par des ventes de badges et de t-shirts), de permettre à chaque Français de contribuer, à la mesure de ses moyens, au déploiement du projet politique de Nicolas Sarkozy pour 2012-2017. Et comme le président-candidat sait bien que les honnêtes citoyens n'ont pas toujours le temps, ou l'envie, de battre la pavé ou de passer leur soirées dans de pénibles réunions politiques, il a conçu un système révolutionnaire de prélèvement à la source sur le revenu. C'est très simple : l’Élysée organise une à deux fois par semaine des déplacements de campagne (un jour sur le nucléaire, l'autre jour sur la crise économique) auxquels vous contribuez automatiquement via votre impôt. C'est rapide et peu intrusif.

    Par exemple, le très beau meeting de Toulon a coûté, selon les estimations, un peu plus de 300 000 euros, ce qui peut vous sembler beaucoup du haut (enfin, du bas) de votre SMIC ; mais ramené aux 36 millions de foyers fiscaux en France, cela ne vous aura coûté à vous, en vérité, qu'un peu moins d'un centime. Autant dire que vous avez rendu possible le combat de Nicolas Sarkozy pour sa réélection presque sans vous en rendre compte, et sans avoir à signer tout un fatras de papiers pour faire un don, ou à coller des affiches électorales. C'est vraiment un système très perfectionné.

    Et puis surtout, vous voyez concrètement à quoi sert votre engagement. Avec la démocratie participative ancienne manière, les idées que vous faisiez remonter avaient un parcours incertain ; peut-être même finissaient-elles à la corbeille. Avec le financement participatif de campagne, au contraire, votre investissement (si j'ose dire) se matérialise sous vos yeux ébahis. Par exemple, le très beau site Internet de l’Élysée, géré par la cellule Internet de la présidence de la République pour un demi million d'euros publics par an, sert de "porte-avion" pour le profil Facebook de Nicolas Sarkozy, permettant ainsi de le "gonfler" en amis en prévision de l'élection présidentielle. On ne s'y prend jamais trop tôt. De manière générale, un tableau de bord plaisamment intitulé "Sarkobingo " a été mis en place pour mesurer l'ampleur de la participation citoyenne.

    Indolore, invisible, le financement participatif de campagne met chaque Français non pas à six, mais à seulement un degré de séparation du président-candidat. Jamais vous n'aurez tutoyé de si près le pouvoir. Merci qui ? Merci Nicolas !

  2. Sarkozybingo, le tableau de bord des frais de campagne de Sarkozy

    "Le président finance sa campagne avec l'argent de l'État". C'est le sous titre du Sarkobingo , un mini-site qui comptabilise les frais de Nicolas Sarkozy en faveur de sa campagne. Très virale, l'initiative politiquement engagée indique qu'aujourd'hui, samedi 10 décembre, les contribuables ont participé à hauteur de 25 millions d'euros en faveur du candidat UMP. 

  3. Le PS accuse Sarkozy d'utiliser le site de l'Elysée pour promouvoir sa campagne

    Sur david-assouline.net

    Le PS dénonce l'utilisation du site internet de l'Elysée et la mise en avant de la page Facebook du chef de l'Etat "au service du futur candidat de l'UMP". 

    "

    "La page Facebook personnelle de M. Sarkozy est mise en avant sur le site de l'Elysée depuis plusieurs mois, ce qui incite de nombreux visiteurs du site de l'Elysée à suivre Nicolas Sarkozy sur Facebok. Il va de soi que la page Facebook personnelle du président sortant sera un outil pour sa campagne".

    "

    C'est ce qu'affirme David Assouline, sénateur PS, via un communiqué . Il estime que cette pratique est contraire au "code électoral". 

  4. Le Parti socialiste saisit la Commission nationale des comptes de campagne.

    Sur lemonde.fr

    Pour le Parti socialiste, Nicolas Sarkozy profite de son statut de chef de l'Etat pour mener sa campagne présidentielle pour 2012. L'équipe de campagne de François Hollande a donc décidé de saisir la Commission nationale des comptes de campagne . Objectif : obtenir des explications de la part de l'Elysée et court-circuiter l'espace médiatique du président de la République. 

  5. Cet article se construit avec vous !

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