Habituellement, le ballon rond n'a que peu sa place dans les couloirs de l'Assemblée nationale et dans les propos des personnalités politiques. Mais avec l'attitude de l'équipe de France, l'arrivée du Qatar dans le football français, la construction des stades et le prochain Euro qui se déroulera en France, les politiques parlent de plus en plus de football.
Qui sont ceux qui s'y intéressent vraiment ? Quelle est leur vision du football ? Le Lab vous propose des points de vue politiques sur ce début de saison.
"Cette année l'épouvantail c'est le PSG"
Si le France est le football est le sport populaire, il n'est pas la passion la plus partagée dans l'hémicycle. A l'heure de parler ballon rond, peu de parlementaires se précipitent. Certains avouent préférer le rugby, la chasse ou la pêche.
Mais d'autres sont d'authentique mordus. A l'UMP, Lionel Tardy est un habitué du stade Parc des sports d'Annecy, qui abrite les rencontres d'Evian Thonon Gaillard. Au PS, Benoît Hamon donne régulièrement son avis sur la question.
Avec les polémiques qui entourent l'équipe de France, l'arrivée de l'argent du Qatar dans le football français et le futur championnat d'Europe de football qui se déroulera en France, le sujet revient de plus en plus régulièrement dans la bouche des politiques.
Alors que la nouvelle saison de Ligue 1 débute ce vendredi, le Paris Saint-Germain démarre avec un effectif inédit, un budget dopé et des ambitions sans limite. Le club de la capitale bat des records en ce qui concerne les montants des transferts et les salaires. Zlatan Ibrahimovic, attaquant vedette, coutera autour de 80 millions d'euros par an au club en rémunération . Thiago Silva, parmi les meilleurs défenseurs du monde, a coûté 46 millions d'euros et pointe à 9 millions par an.
Ces chiffres plaisent peu aux politiques. André Santini, député Nouveau Centre et maire d'Issy-les-Moulineaux, avoue préférer le football amateur au "foot business qui a tendance à ternir l’image de ce sport". "Le football amateur est plus authentique, les valeurs d’effort, de générosité et de partage y ont encore un sens", affirme-t-il.
Les salaires des joueurs de football reviennent régulièrement dans les conversations. "Ils sont beaucoup trop payés", estime Yannick Favennec, député UMP. Le parlementaire juge que "lorsqu'il évolue en équipe de France, les joueurs ne devraient pas toucher de prime mais jouer pour le maillot".
Christian Hutin, du MRC (le parti de Jean-Pierre Chevénement, ndlr), a, lui, un avis plus partagé. Philosophiquement, ces grosses sommes le choque. "Cette énorme somme d'argent dans le football français, ce n'est pas une très bonne nouvelle", indique-t-il. Citant François Mitterrand lors de son discours d'Epinay, Christian Hutin évoque "l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase". Mais réaliste, il concède que c'est "fiscalement une très bonne nouvelle".
Un avis que partage Lionel Tardy, député de la Haute-Savoie. Sur le plan sportif, il estime que le "PSG va être l'épouvantail de la Ligue 1". "Le jour ou ils joueront collectif, ça va faire très mal", professe l'élu supporter d'Evian. Et au niveau économique, il préfère que les Qataris investissent en France plutôt qu'ailleurs. "Ils veulent de toutes manières mettre de l'argent dans le football, autant qu'ils le fassent ici !" "Et même si les chiffres sont faramineux et qu'il y a de gros écarts avec les autres clubs, ça fera des gros matches à l'extérieur et ça amènera du monde dans les stades", précise-t-il.
Pour Thierry Solère, député et élu municipal à Boulogne-Billancourt, l'arrivée du Qatar au Paris Saint-Germain a contribué "à donner envie à tout le monde d'aller au stade, après une baisse de régime". "Ca installe une vraie dynamique". Lui, accueille cette venue comme une bonne nouvelle, au plan sportif comme au niveau fiscal. "J'ai adhéré au groupe d'amitié France-Qatar à l'Assemblee nationale en raison du PSG et de l'arrivée de la chaine de télévision Al-Jazeera à Boulogne", admet-il.
Qui supporte qui en Ligue 1 ?
Quel politique supporte quel club en Ligue 1 ? Nous avons interrogé certaines personnalités politiques sur la question, voici leur réponse. Si vous avez des informations sur d'autres responsables politiques, n'hésitez pas à contribuer à ce sujet dans les commentaires.
AC Ajaccio :
Christian Hutin
SC Bastia :
André Santini
Evian TG :
Lionel Tardy
OGC Nice :
Alexis Bachelay
Olympique de Marseille :
Claude Bartolone
Paris Saint-Germain :
Nicolas Sarkozy
Malek Boutih
Thierry Solère
Eduardo Rihan-Cypel
Stade Brestois :
Benoît Hamon
Stade Rennais :
Marc Le Fur
Valenciennes :
Jean-Louis Borloo
Gérald Darmanin
Les anecdotes des politiques
Alexis Bachelay, député socialiste des Hauts-de-Seine a un club de coeur, l'OGC Nice, mais a totalement adopté le Paris Saint-Germain qu'il supporte également. Dans la vie, il est plutôt joueur de futsal.
Malek Boutih est un féru de football et supporte le PSG depuis sa plus tendre enfance. Pendant le congrès de Brest du Parti socialiste en 1997, il a rédigé une intervention pour Julien Dray dont il disait, à l'époque, que les dispositifs qu'il évoquait avait autant de chance de se mettre en place qu'Aimé Jacquet de remporter la Coupe du monde.
Gérald Darmanin est un passionné de sport en général et de football en particulier. Il a d'ailleurs été arbitre au niveau fédéral.
Lionel Tardy a joué en club pendant 8 ans à Annecy. Avec son mètre 93, le député UMP a évolué dans les buts et confesse que … "ça marchait bien".
Thierry Solère a adhéré au groupe d'amitié France-Qatar de l'Assemblée nationale suite aux investissements du pays du golfe Persique dans le club de la capitale et à l'arrivée de la chaîne Al Jazeera dans sa ville de Boulogne.
Christian Hutin est député MRC mais également médecin dans le civil. Pendant sa carrière, il a été médecin du club de football de Dunkerque. A l'époque, il a sympathisé avec l'entraîneur Alex Dupont pour qui il garde une grande amitié et continue à suivre ses aventures footballistiques.
Marc Le Fur, député breton de l'UMP a été marqué par une rencontre particulière : celle au profil de l'institut du cerveau et de la moelle épinière qui a opposé le Variétés Club de France à une "sélection républicaine composé de dirigeants politiques". Il raconte : "J’ai joué à cette occasion aux cotés de François Hollande dont je n’imaginais pas encore le destin présidentiel mais où j'ai pu remarquer ces qualités d’habileté".