Qui ne dit mot consent? Une chose est sûre en tout cas: impossible de faire dire à Pierre Moscovici si François Bayrou pourrait faire partie du prochain gouvernement.
Et pour cause: depuis le soutien "à titre personnel" du président du Modem, le PS doit jongler entre la possibilité du rapprochement centre/gauche et le refus catégorique du Front de gauche.
Ce qui donne, dans les réponses officielles, des formules alambiquées comme : "Je n'ai pas la sensation que c'était ce que François Bayrou souhaitait hier".
Mélenchon maintient la pression
Sur franceinter.fr
François Bayrou qui vote "à titre personnel" pour François Hollande: une réserve d'électeurs supplémentaires pour le candidat socialiste mais, surtout, le début d'un nouvel exercice d'équilibriste.
Même si François Bayrou n'a rien négocié en contrepartie de son soutien, la question d'une place pour lui au gouvernement se pose de nouveau, et à plus long terme celle d'un rapprochement entre la gauche et le centre.
Sur France Inter ce 4 mai, Pierre Moscovici a dû faire face à l'insistance de Pascale Clark sur le sujet. François Bayrou appartiendra-t-il à la majorité présidentielle ?
Il appartiendra à la majorité présidentielle dans la mesure où il aura voté pour François Hollande mais il a dit lui-même que ce n'était pas une adhésion.
Et François Hollande a dit de la manière la plus claire qu'il gouvernerait sur son projet, à gauche, qu'il aurait un premier ministre socialiste.
Premier ministre, d'accord. Mais choisir Bayrou comme ministre d'ouverture au sein d'une équipe de gauche n'aurait rien de surprenant après un tel vote. D'où la question de Pascale Clark:
Est-ce impensable que François Bayrou fasse partie du gouvernement ?
C'est là que Pierre Moscovici commence les contorsions verbales:
Franchement, je n’ai pas la sensation que c’était ce que François Bayrou souhaitait hier, ce n’est pas la sens de son vote. Ne le réduisons pas à une combinaison politique.
La journaliste insiste:
Je n'ai pas bien compris, c'est exclu qu'il appartienne au futur gouvernement?
Dans sa réponse, Pierre Moscovici prend soin de ne jamais exprimer le souhait de François Hollande et de toujours renvoyer à celui de François Bayrou, comme si la décision lui appartenait:
Je crois que je viens de vous répondre. Je n’ai pas le sentiment que ce soit souhaité par lui, déjà. Et encore une fois, ce n’est pas un arrangement politique. Il n’y a eu aucune négociation, aucune demande de François Hollande.
Majorité présidentielle oui, ministre on ne sait pas... Si le directeur de campagne enfile tellement de gants, c'est notamment parce que de l'autre côté se trouve Jean-Luc Mélenchon.
Depuis l'annonce du président du Modem, Mélenchon - en plus d'avoir prévenu qu'il l'aurait à l'oeil - maintient la pression à la gauche de la gauche. Comme sur BFM TV ce 4 mai:
François Bayrou doit avoir ça à l'esprit [une recomposition entre le centre et la gauche], car c'est ce qui s'est fait dans d'autres pays d'Europe.
Mais ça ne marchera pas car ici il y a 11% des voix qui se portent sur le Front de gauche qui, lui, est absolument hostile à toute compromission. Il n'y a pas d’espace possible pour ce genre de coalition.
Et de rappeler au bon souvenir de François Hollande ses promesses:
François Hollande a déjà dit qu'il ne négocierait pas avec lui. Donc c'est quelqu'un d'isolé.