SOURIEZ, VOUS ÊTES FILMÉS - C'est l'histoire de deux voisins qui se tapent dessus, à coups de poings, violemment, pendant plusieurs minutes. Simple histoire de voisinage ? Pas tout à fait : car la scène, qui s'est déroulée le 11 décembre dernier, à Woippy, dans la banlieue de Metz, met aux prises un adjoint au Maire UMP de la ville, et un futur colistier du candidat aux municipales.
A gauche, un militant socialiste, Bouhenna Abderramane, présent sur les listes de gauche pour les prochaines municipales. A droite, l'adjoint à la ville du maire UMP, Abdel Magid Maouche. Les deux hommes se bagarrent, donc. Et les versions s'opposent.
Selon la première version rapportée par Lor'Actu, le militant socialiste s'en serait pris à l'adjoint au maire, le menaçant avec un baton de bois.
Mais aucun instrument de ce type n'est visible sur la vidéo de l'incident, capturée par une caméra de vidéosurveillance privée, que s'est procurée Le Lab.
Voir la vidéo (sortant de sa maison, le militant socialiste, plus loin, l'adjoint au maire):
La première version de l'événement est démentie dans la foulée par le PS local, par communiqué. Qui assure que c'est son militant qui a été agressé par l'adjoint au maire. A porté plainte, et a du être conduit aux urgences après un malaise. Et non pas l'inverse...
La scène se déroule le jour où un directeur d'école est retrouvé assassiné sur un parking de la ville. Et le candidat socialiste à la mairie de Woippy, Jacques Clément, n'hésite pas à en faire une affaire politique auprès du Lab :
Je pense qu'il y a certainement un fond politique. Ce d'autant plus qu'en tant qu'adjoint au maire, il est responsable, il doit être assez exemplaire dans son comportement.
Deuxième chose, c'est arrivé le jour où l'on apprend qu'un directeur d'école a été assassiné sur un partking.
Même si c'est pas la grande entente avec son voisin, on ne doit pas, surtout dans ce contexte là, agir comme tel.
Interrogé par Lor'Actu.fr, le maire de la ville, François Grosdidier, refuse dans un premier temps de lâcher son adjoint et défend sa version :
Mon adjoint s’est fait agresser, il a juste voulu le repousser. Monsieur Bouhenna Abderramane a eu plusieurs rappels de la mairie notamment pour avoir occupé plusieurs fois l’espace public sans autorisation. Je n’ai jamais eu d’écho négatif sur le travail et le comportement de mon adjoint.
Une version vivement contestée par son opposant socialiste, toujours au Lab :
Je vois que le maire soutient le fait que l'autre l'a menacé avec un baton. Là, c'est de l'exagération politique. Venir dire que l'agresseur est l'agressé, alors que c'est lui qui se retrouve avec une incapacité de travail...
Le maire de Woippy est assez familier de se faire passer comme une victime. Là dessus, il n'y a pas de complot.
Contacté par Le Lab, François Grosdidier se fait plus prudent :
Je n'ai pas de position moi-même. J'ai fait état du récit que m'a fait l'adjoint puisque je n'étais pas présent.
A un moment, m'a dit l'adjoint, il aurait pris dans sa camionnette un morceau de bois.
J'ai au moins autant de raison de croire mon adjoint que l'autre.
François Grosdidier dénonce ensuite une "très hâtive exploitation politique" de l'affaire par l'opposition municipale de gauche :
Je suis accusé de couvrir mon adjoint. Ces deux hommes ont été amis il y a très longtemps. Il y a d'abord un conflit personnel.
Et ce avant d'être une affaire politique accaparée aujourd'hui par le Parti socialiste et les écologistes.
Et quand la justice passera, quelles conséquences faudra-t-il tirer si son adjoint est reconnu coupable de l'agression ?
Si un adjoint est délibérément violent avec un administré sans avoir été agressé ni provoqué, c'est sanctionnable. Mais on n'en est pas là.
Je condamne pas les gens avant même que les faits soient établis.
Le Parti socialiste indique vouloir écrire au Procureur de la République pour demander la révocation de l'adjoint au maire.