VIDÉO - La grosse avoinée de Xavier Bertrand au FN au Conseil régional des Hauts-de-France

Publié à 13h47, le 20 mai 2017 , Modifié à 14h00, le 20 mai 2017

VIDÉO - La grosse avoinée de Xavier Bertrand au FN au Conseil régional des Hauts-de-France
Xavier Bertrand très remonté en pleine séance du Conseil régional des Hauts-de-France, jeudi 18 mai. © Capture d'écran Twitter

La scène est passée (presque) inaperçue. Jeudi 18 mai, lors d’une séance plénière du Conseil régional des Hauts-de-France, le président Xavier Bertrand s’est lancé dans une diatribe particulièrement musclée contre les élus du Front national.

"Les travaux de ce conseil régional resteront bien sûr à l’écart des polémiques nationales", recommande d’abord Xavier Bertrand en début de séance. Mais très vite, le ton monte entre les élus LR et FN. "Les problèmes sont le carburant du Front national", lance le président de la région pour mieux souligner le manque de propositions sur d’éventuels repreneurs pour l’usine Whirlpool d’Amiens. Interrompu par un élu frontiste, Xavier Bertrand le recadre immédiatement :

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Monsieur, il suffit. Vous n’avez pas la parole, je suis désolé. Ça donne peut-être une idée de la façon dont vous vous comporteriez si vous étiez à ma place mais en attendant, ce n’est pas comme ça que les électeurs des Hauts-de-France l’ont voulu.

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Quelques minutes plus tard, Xavier Bertrand refait allusion à l’épisode Whirlpool. Le 25 avril dernier, les deux finalistes de la présidentielle, Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’étaient rendus tour à tour sur le parking de l’usine pour rencontrer les salariés . En s’appuyant sur cette séquence très marquante de l’entre-deux-tours, Xavier Bertrand rappelle "le rôle des politiques" :

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Vous pouvez faire tous les selfies que vous voulez, ça ne change rien au fait que quand quelqu’un veut partir, il part. Quel est le rôle des politiques ? Le rôle des politiques n’est pas de promettre une taxe à l’importation pendant cette campagne qui aurait en définitive pénaliser le pouvoir d’achat pas des plus riches, mais le pouvoir d’achat des plus démunis, des ouvriers, ceux à qui vous parlez avec des trémolos dans la voix mais qui, une fois que vous êtes partis, s’aperçoivent qu’ils sont restés avec leurs problèmes.

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Xavier Bertrand rappelle au passage qu’il s’est rendu lui-même sur le parking de l’usine Whirlpool le 25 avril dernier, en compagnie de son adjointe Brigitte Fourré : 

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Pour Whirlpool, vous savez, quand on y est allé avec Alain Gest [président d’Amiens métropole, ndlr] et Brigitte Fourré à 6h du matin, on n’avait pas les caméras. On n’a pas fait les selfies, nous. On n’a pas fait ça. Mais on n’est pas resté non plus 20 minutes sur le parking […]  C’est peut-être à ce moment-là qu’a commencé à se faire la bascule du second tour de l’élection présidentielle. Vous n’avez pas rendu service avec votre art de la communication qui vous est retombé dessus.

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Le président du Conseil régional des Hauts-de-France reproche clairement à Marine Le Pen d'avoir seulement fait quelques "selfies" avec les ouvriers sans s'occuper de leurs problèmes. Xavier Bertrand, qui a par ailleurs affirmé cette semaine avoir servi "d’écran de fumée" à Emmanuel Macron quand son nom a circulé dans la presse en tant que Premier ministrable, en rajoute une couche quelques instants plus tard. Il rappelle que le rôle d’un élu est de "retrouver des repreneurs" et non pas de considérer les salariés pour de la "matière première électorale" :

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Pour moi, les ouvriers qui ont des problèmes, les salariés qui sont inquiets pour leur avenir, ce n’est pas de la matière première électorale pour électoralistes en herbe comme vous l’êtes […] Soit, vous faîtes comme nous, vous bossez pour trouver des solutions. Soit on fait comme vous et on essaie de faire du cinéma sur le malheur et les inquiétudes des gens.

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A ce moment très précis, la majorité LR-UDI commence à applaudir le président. Encore plus remonté, Xavier Bertrand conclut :

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Heureusement que vous n’êtes pas à ma place. Heureusement que vous êtes dans l’opposition, heureusement que madame Le Pen a été sévèrement battue à l’élection présidentielle. Vous profitez du malheur des gens. Et si vous étiez élus, je le dis très clairement, ce serait davantage de malheur dans cette région et dans ce pays. Et je me battrai également contre vous pour qu’il n’y ait pas 23 députés du Front national dans cette région, là où vous êtes arrivés en tête au second tour de l’élection présidentielle. Parce que je le dis, vous profitez du malheur des gens mais vous feriez davantage de malheurs et davantage de problèmes dans un pays qui en a déjà beaucoup et qui n’attend que des solutions. Jamais elles ne viendront de vous les solutions. Elles ne viendront que de nous.

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Une séquence à retrouver ici en vidéo :

Cette très, très longue avoinée au Front national est immédiatement suivie d’une standing ovation des élus de la majorité dans l’hémicycle.

Le président du groupe frontiste au Conseil régional des Hauts-de-France, Philippe Eymery, a essayé de répondre. "Il faut savoir garder son calme", a-t-il d’abord ironisé avant d’asséner au Président : "Vous êtes un danger pour la démocratie, Monsieur Bertrand". Ambiance, ambiance. 


 

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