Après la défaite, vient le temps de l’analyse et des confessions. Dans un entretien fleuve au JDD, dimanche 25 juin, Xavier Bertrand se livre à cet exercice d’introspection sur l’élimination de Les Républicains à la présidentielle et le faible score aux législatives, fustigeant la "course après le Front national" des dirigeants successifs de LR. Le patron de la région Hauts-de-France regrette que Nicolas Sarkozy n’ait "pas fait les réformes sur la fiscalité, les 35 heures et même sur la sécurité" et d’avoir "assisté à une radicalisation du discours". Quant à François Fillon, il juge qu’il n’a pas perdu uniquement à cause des affaires mais aussi d’un "grand absent" dans son programme : le pouvoir d’achat.
Ce bilan des deux campagnes malheureuses de la droite, mais aussi plus globalement de son parti depuis plusieurs années, est aussi l’occasion pour Xavier Bertrand de glisser qu’on lui a proposé le poste de Premier ministre. Un certain François Fillon… pour qui il avait voté à la primaire de la droite. Il raconte avoir rencontré l’ancien Premier ministre au lendemain de sa victoire le 27 novembre :
"Il voulait me faire des propositions pour l’après-élection. Il m’a demandé : 'Qui pour Matignon ?, je lui ai parlé de Bruno Retailleau, François Baroin, Jean-Louis Borloo… Et il m’a dit : 'Pourquoi pas toi ?' Mais nous avions de vraies divergences [...] Je ne veux pas renier mes idées, quelle que soit la fonction qu’on me propose.
"
Et François Fillon n’était pas le seul à avoir proposé Matignon à Xavier Bertrand. Nicolas Sarkozy aussi, fait-il savoir, même si l’offre était valable à partir de la mi-mandat. Il poursuit :
"Sarkozy, vers la fin de la primaire, m’avait proposé, si je m’engageais avec lui, d’être numéro deux du gouvernement, ministre d’État avec un ministère de l’Intérieur élargi. Il m’a dit : 'De toute façon, je ne garderai François Baroin à Matignon que deux ou trois ans. Il le sait. Je ne ferai pas la même erreur qu’avec Fillon que j’ai gardé cinq ans.' Le sous-entendu était clair, mais là encore je n’ai pas voulu transiger sur mes convictions. Je l’ai sans doute trop fait par le passé, aujourd’hui, c’est fini.
"
Vous en voulez encore ? La proposition n’était certes pas formulée aussi clairement que pour François Fillon et Nicolas Sarkozy, mais Emmanuel Macron a approché Xavier Bertrand. Il assure :
"Reconnaissez qu’il a souvent parlé de moi avant le premier tour, et Alexis Kohler [secrétaire général de l’Élysée, NDLR] m’a contacté.
"
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