"Apartheid" français: la formule de Manuel Valls ne fait pas l'unanimité à gauche

Publié à 08h56, le 21 janvier 2015 , Modifié à 09h42, le 21 janvier 2015

"Apartheid" français: la formule de Manuel Valls ne fait pas l'unanimité à gauche
© images BFMTV, AFP et RTL.

La formule ne fait pas (non plus) l'unanimité à gauche. Le 20 janvier, lors de ses vœux à la presse, Manuel Valls a ressorti une expression qui lui est chère depuis 2005 : l'existence d'un "apartheid territorial, social et ethnique" en France. Si une partie de l'opposition s'insurge , la gauche est également sceptique.

Invité de RTL ce 21 janvier, Laurent Fabius s'en est ainsi détaché, refusant cependant de critiquer directement la formule du Premier ministre :

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L'apartheid vous l'avez connu, c'était le fait que juridiquement tous ceux qui étaient noirs n'avaient pas les mêmes droits que les blancs. Le problème en France n'est pas juridique, c'est un problème de réalité. Ne nous disputons pas sur les mots. La réalité c'est qu'il y a une ségrégation et qu'il faut lutter contre elle.

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Jean-Jacques Urvoas, président socialiste de la commission des lois et proche de Manuel Valls, juge le terme "maladroit" :

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Je n'aurais pas choisi ce mot-là car il est connoté géographiquement et historiquement. Ça voudrait dire que la France a décidé de faire une partition dans ses territoires. S'il faut choisir des mots, je préfère le terme de "ghetto" que celui "d'apartheid".



[L'apartheid], c'est surtout une volonté politique de discrimination.

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Celui qui connait bien le Premier ministre avance même : "je crois qu'il ne le réutilisera pas ou alors il précisera le contexte. Et je pense qu'il préférera le mot de ghetto."

A l'inverse, la veille, le député PS Patrick Mennucci avait trouvé la sortie sur l'apartheid "très bien " :

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Je trouve que c'est très bien que le Premier ministre pose des mots sur des réalités, il y a des cités qui sont des ghettos, où on met les plus pauvres, les gens des mêmes origines et ensuite on demande à ces gens de se comporter comme tout un chacun.

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Comme le Lab l'avait raconté ici , c'est loin d'être la première fois que Manuel Valls utilise cette expression pour caractériser un mal français. Dès 2005, dans son ouvrage La laïcité en face, il écrit déjà :

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La ségrégation territoriale, sociale, ethnique, voire religieuse s'aggrave. J'ai même parfois parlé d'apartheid car c'est vraiment le sentiment que l'on peut avoir dans certains endroits.

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Du rab sur le Lab

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