RETOUR - On l’avait laissé abattu par la victoire du Front national aux européennes. "J'ai le cœur qui saigne, ce soir", commentait-il dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 mai, en conférence de presse, quittant le pupitre, ému, sans que l'on sache bien si son discours était terminé ou non. Et depuis ? Silence.
Vendredi 30 mai, Jean-Luc Mélenchon réapparaît sur le devant la scène politico-médiatique. Sur son blog, l’ancien candidat à l’élection présidentielle écrit quelques lignes "destinées à rassurer les amis qui s’inquiètent de [son] silence".
Celui qui, en mai 2013, entendait donner un "coup de balai" contre le système écrit à ses "amis qui s’inquiètent" :
"Je leur dis ce que l’expérience de la lutte apprend : après le choc, il faut donner son temps à la poussière pour retomber.
"
Pas question, donc, de commenter la victoire du Front national. "Ce genre politologique a tendance à tourner en rond depuis vingt ans autour des mêmes compilations d’analyses sociologiques et de notations psychologisantes", dit-il. Jean-Luc Mélenchon préfère attaquer : "Comment se fait-il que le monstre soit toujours là après tant de commentaires et analyses si intelligents, tant d’indignations, tant d’enquêtes médiatiques si bien illustrées qu’elles ont même fini par tourner au publireportage ?"
Parmi les cibles, il y a donc les médias, dont "on connaît la responsabilité dans cette disqualification méthodiquement organisée. Ma diabolisation permanente, la dédiabolisation de madame Le Pen, les monstrueux déséquilibres de temps de parole audiovisuels".
Pour autant, le cofondateur du Parti de gauche fait également amende honorable :
"Nous avons aussi notre responsabilité. Notre Front de Gauche a un large pied dans le système comme l’a montré la séquence des élections municipales. Dès lors, les petits arrangements et alliances à géométrie variable, au-delà même de leur légitimité locale ou non, nous ont directement associés au spectacle des poisons et dentelles du système.
"
Avec "d’un côté l’implosion de l’UMP" et "de l’autre la débilité de l’équipe au pouvoir", Jean-Luc Mélenchon ne peut être que pessimiste :
"Aux conditions actuelles, parce qu’elle est en dynamique, rien ne peut plus barrer la route de madame Le Pen. Mieux : le fruit va lui tomber tout droit dans la bouche.
"
Ce n’est pas une raison pour se laisser abattre. Aussi enjoint-il déjà ses troupes à réagir. "La première réponse au moment, c’est la volonté de ne 'rien lâcher' et, pour cela, d’être vigilant, à l’affût de toute brèche qui viendrait à s’ouvrir dans le mur qui nous enferme actuellement. Et s’il le faut, on creusera avec les doigts", prévient-il.