INFO LAB - L'élection à la tête de l'UDI, c'est terminé. Ou presque. Le nouveau président du parti, Jean-Christophe Lagarde, compte bien s'occuper de certaines irrégularités apparues lors du vote. Avec une attention toute particulière pour Neuilly, le fief de Jean-Christophe Fromantin, candidat battu au premier tour et rallié à Hervé Morin pour le second.
Selon les informations du Lab, Jean-Christophe Lagarde s'est en effet penché sur le cas de 66 adhérents UDI de Neuilly inscrits pour le vote d'octobre et suspectés d'être également adhérents de l'UMP. Une double appartenance strictement interdite dans le règlement intérieur du jeune parti :
Tout adhérent à l’UDI (ou à l’une des personnes morales membres) qui adhère à une autre formation politique sans lien avec l’UDI (...) est radié automatiquement de l’UDI.
Dans un courrier daté du 1er décembre et adressé au patron UMP des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, et que le Lab a pu consulter, Jean-Christophe Lagarde sollicite son aide pour identifier les fraudeurs. Il joint au courrier une liste des 66 personnes suspectées ainsi que leurs adresses, toutes à Neuilly, et demande à Roger Karoutchi de croiser leurs données.
La démarche a eu son petit effet. Deux jours après l'envoi du courrier, Roger Karoutchi a en effet réuni un "comité de ville" d'une trentaine de participants avec pour seul ordre du jour la question des multi-encartés. Il a promis une exclusion immédiate du parti dès lors que cette irrégularité serait confirmée. Selon un participant, des personnalités "historiques" de la section doivent en faire les frais : la responsable de la permanence de l'UMP à Neuilly ou le responsable web de la section ont par exemple pris leur carte à l'UDI avant le vote d'octobre.
Ce suivi attentif des irrégularités à Neuilly, commune dont Fromantin est le maire, n'a rien d'anodin. Lagarde et lui s'opposent depuis le premier tour de l'élection sur d'éventuels abus lors de la campagne. Le premier s'est déjà interrogé sur l'explosion du nombre d'adhérents neuilléens depuis le 31 mars, date de la démission de Jean-Louis Borloo. Ils sont en effet passés de 92 à 613. Le second a visé la surreprésentation de la Seine-Saint-Denis, fief de Lagarde, lors du vote. Son département a réuni à lui seul 13% de l'ensemble des votants du premier tour.
Au soir du second tour, Jean-Christophe Fromantin était également le premier sur le pont pour "émettre de sérieux doutes sur la sincérité du scrutin". De toutes évidences, Jean-Christophe Lagarde doute, quant à lui, de la sincérité des électeurs de sa commune.
[Edit 15h00] La double-étiquette d'adhérents UMP ayant participé au vote UDI fait réagir parmi la droite locale. Franck Keller, conseiller municipal UMP opposé à Jean-Christophe Fromantin (que vous avez déjà pu croiser à cette occasion), fait savoir au Lab qu'il considère cette affaire comme "un trafic de fichiers" de la part du maire "pour se faire élire" : "il convient de passer au karcher ces pratiques !"
Franck Keller souhaitant être candidat aux départementales en 2015, il profite de la polémique pour promettre la mise en place d'une "charte éthique" s'il est élu.
[Edit 16h15] Au Lab, Jean-Christophe Fromantin dit ne pas vouloir "rentrer dans ce registre" mais regrette que la bonne foi des adhérents de Neuilly soit remise en cause :
Comment peut-on reprocher à des gens d'adhérer à un parti pour soutenir quelqu'un ? La vie politique est incarnée. Ce qui crée la dynamique, ce sont les hommes politiques. Les gens soutiennent des valeurs et des idées lorsqu'elles sont incarnées.
Le député-maire dit vouloir s'imposer "un principe de responsabilité" en ne répondant pas à ce qu'il considère comme une "polémique sans fondement de la part de celui qui est désormais président de l'UDI" :
Il continue à diviser mais je ne suis pas là pour entretenir une mauvaise image de défiance.