#APEUPRÈS - Depuis les attentats terroristes subis par la France, Bruno Le Maire se démarque à l'UMP en proposant de "réexaminer nos choix diplomatiques" avec le Qatar ou l'Arabie Saoudite. Des pays à propos desquels planent des doutes sur "un éventuel double jeu" et sur "le financement de réseaux islamistes". Des pays également dans le viseur du Front national .
Pour donner davantage de légitimité à sa proposition, l'ancien candidat à la tête de l'UMP rappelle donc que son engagement sur ce sujet n'est pas nouveau ... quitte à s'arranger *un peu* avec l'histoire.
Invité de BFMTV ce 19 janvier, Bruno Le Maire affirme ainsi :
"J’ai fait une proposition en 2012, je n'ai pas attendu 2015 et les évènements dramatiques que nous venons de connaître.
J’ai demandé qu’il y ait une mission d’information parlementaire sur les liens entre certains États du Golfe et les réseaux islamistes : liens de parrainage, liens de soutien tacite, liens de financement.
Elle m’a été refusée. Je refais ma proposition.
"
Une version quelque peu enjolivée par le député. En septembre 2012, l'idée d'une mission parlementaire est bien lancée. Mais Bruno Le Maire n'en est pas l'initiateur.
A l'époque, c'est l'autre député UMP Lionnel Luca qui demande une commission d'enquête sur l'action du Qatar en France après l'annonce de la création d'un fond franco-qatari pour les banlieues. Bruno Le Maire, interviewé par Radio J, se dit "favorable " à une telle enquête, qui ne verra cependant pas le jour. Il déclare :
"La question des investissements étrangers en France, ça pose une question, cela ne va pas de soi que le Qatar puisse investir à coups de dizaines de millions d'euros dans le sport, les quartiers, sans qu'on comprenne très bien la stratégie de long terme.
"
Deux ans et demi plus tard, cet épisode devient donc la bouche de Bruno Le Maire "sa" proposition de mission d'information "sur les liens entre certains États du Golfe et les réseaux islamistes", et non la proposition de Lionnel Luca sur les intérêts du Qatar en France.
Interrogé sur ce point, l'équipe de Bruno Le Maire précise au Lab qu'à l'époque, en septembre 2012, le député "était déjà inquiet d'un possible financement des islamistes radicaux en France" et pensait que la mission parlementaire pourrait aborder ce point, sans se limiter à l'action du Qatar dans l'Hexagone : "ce type de mission d'information permet d'élargir la question posée au départ."
"C'était un début dans son esprit, ajoute-t-on encore. Il voulait qu'on s'intéresse aux fonds qui venaient en France. Désormais, il ne veut plus cibler uniquement le Qatar et pose la question plus globale d'une remise à plat de notre politique à l'international."