Emmanuel Macron explique avoir reçu des menaces de mort de la part de notaires opposés à son projet de loi

Publié à 17h44, le 02 février 2015 , Modifié à 02h04, le 03 février 2015

Emmanuel Macron explique avoir reçu des menaces de mort de la part de notaires opposés à son projet de loi
Emmanuel Macron, à l'Assemblée nationale © BERTRAND GUAY / AFP

Emmanuel Macron a expliqué avoir reçu des menaces de mort de la part de notaires, ce lundi 2 février 2015. Au cinquième jour des débats parlementaires autour de son projet loi pour la croissance et l’activité, le ministre de l’Economie a révélé au détour d’une intervention :

Je ne fais honnêtement pas référence aux menaces de mort - j'ai porté plainte - que j'ai reçues de certains officiers publics ministériels, parce que vous vous accorderez sur le fait que c'est quand même particulièrement étonnant.

Regardez l'extrait isolé par LCP :



Les notaires, mais aussi d'autres professions réglementées du droit (huissiers, mandataires judiciaires...) sont particulièrement remontés contre certaines dispositions du projet de loi Macron, notamment celle prévoyant l'encadrement d'une partie de leurs tarifs. Une mesure censée introduire davantage de concurrence, que la corporation a combattu en livrant notamment à certains députés des amendements de suppression "clés en main".

Ce que le ministre de l'Economie ne s'est pas privé de dénoncer dans l'hémicycle :

Je n'accepte pas, et je veux le dire ici solennellement aux salariés qui ont pu prendre pour eux les missives envoyées par les notaires à leurs députés, consistant à demander de cocher des noms parfois, ça n'est pas à la hauteur du débat, et tout ça n'est pas sérieux, ça ne relève en rien de la réalité de cette réforme. 

Il n'empêche, la persévérance de ses détracteurs semble avoir en partie payé, puisqu'Emmanuel Macron a annoncé un peu après que finalement, le projet de loi ne prévoyait plus d'introduire une part de "tarifs variables" pour les professions concernées. Le locataire de Bercy a "plaidé coupable" en ces termes :

Avec la même conviction pour défendre ce en quoi je crois, j'ai la même lucidité quand je me suis trompé (...). Je n'avais pas vu l'effet pervers que cette mesure pouvait avoir.

Emmanuel Macron a toutefois indiqué que sa réforme permettrait "la transparence sur les tarifs et la remise, qui existe aujourd'hui sur des tarifs opaques".

La reculade du ministre a en tout cas dû faire une heureuse, en la personne de Christiane Taubira. Ces dernières semaines, la ministre de la Justice n'a pas fait beaucoup d'efforts pour dissimuler ses réticences sur le volet "libéralisation des professions juridiques" du texte.

La garde des Sceaux n'était d'ailleurs pas présente ce lundi après-midi au Palais Bourbon, en contradiction des consignes élyséennes selon lesquelles les ministres doivent participer aux débats lorsque leur domaine de compétence est en jeu.

Une absence soulignée par certains députés de l'UMP ou du Front de gauche, trop heureux de pouvoir enfoncer un coin entre deux membres du gouvernement. À l'instar du député UMP Julien Aubert, qui y est allé de son bon mot :

Elle est comme la comète de Halley, elle vient voir l'Assemblée tous les dix jours. Alors j'espère que nous aurons l'occasion d'apercevoir madame le Ministre, qui ne boude pas parfois les plateaux télé, et qu'elle vienne ainsi s'intéresser à l'avenir des professions dont elle a la charge.

Notez l'emploi du masculin pour désigner la fonction de Christiane Taubira. Un usage de la langue auquel est attaché le parlementaire, même si cela lui a déjà valu des ennuis.

[Edit 19h23] - Ajout de la déclaration de Julien Aubert

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