Pourquoi le député Christophe Cavard claque la porte d’Europe Ecologie-Les Verts

Publié à 19h45, le 05 juin 2015 , Modifié à 21h24, le 05 juin 2015

Pourquoi le député Christophe Cavard claque la porte d’Europe Ecologie-Les Verts
Christophe Cavard © MIGUEL MEDINA / AFP

Et de trois ! Après Noël Mamère en septembre 2013 et Isabelle Attard quelques mois plus tard (pour rejoindre Nouvelle Donne), un nouveau député écolo claque la porte d’EELV. C’est ce qu’a annoncé Christophe Cavard dans un entretien au Monde ce vendredi 5 juin. L’élu du Gard, qui compte rester membre du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, a également déclaré qu’il renonçait à sa candidature aux régionales en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon.

Auprès du quotidien, Christophe Cavard a justifié sa décision par un ras-le-bol vis-à-vis d’EELV, une formation gagnée selon lui par "l’esprit sectaire". "Un parti qui est persuadé que les règles internes sont plus fortes que la réalité politique externe est un parti qui se parle à lui-même. Les conséquences électorales vont être catastrophiques", juge-t-il.

Auprès du Lab, Christophe Cavard fustige encore l’ambiance de "guérilla permanente" au sein du mouvement écologiste, écartelé depuis des mois entre les pro et les anti-participation gouvernementale. À l’entendre, lui-même aurait été victime de sa neutralité revendiquée dans cette querelle idéologique :

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J’ai eu droit aux attaques des deux camps : ceux du côté de Cécile Duflot et des militants, qui considèrent que faire des compromis avec l’exécutif, c’est déjà se compromettre. Et ceux comme Jean-Vincent Placé, qui sont tombés dans l’autre extrême, selon moi : éviter toute critique à l’encontre du gouvernement.

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Un argumentaire qui laisse sceptique David Cormand. Pour le numéro 2 du parti, opposé au retour des Verts dans les ministères, Christophe Cavard "prétend être sur une position intermédiaire, mais il a soutenu totalement la loi Renseignement, qui est un texte liberticide ou la loi Rebsamen sur le dialogue social", accusée par une partie de la gauche de faire la part trop belle aux chefs d’entreprise au détriment des salariés.

Comme gage de son indépendance, l’intéressé rétorque auprès du Lab qu’il a toujours été "opposé à la méthode Valls" et qu’il a "fermement combattu la loi Macron".

Autre reproche de David Cormand au parlementaire nîmois : ses accusations de "sectarisme" à l’égard d’EELV. Une formation qui l’aurait accueilli à bras ouvert en 2009 avant de faire de cet ancien élu communiste un député trois ans plus tard. Cormand ironise :

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Comme marque de sectarisme, on a vu pire !

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Pour le secrétaire général adjoint d’Europe Ecologie-Les Verts, les motifs du départ de Christophe Cavard seraient en fait plus inavouables. "Il est déçu de ne pas avoir été désigné tête de liste du Gard pour les régionales, analyse-t-il. Mais ce n’était pas possible, compte tenu des règles d’EELV en matière de non-cumul et parce qu’il fallait une femme pour la première place. Le fait que dans l’Hérault, les militants aient voté contre la 2e place prévue pour sa compagne a pu jouer aussi".

Des accusations qui font bondir François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône voisines et fervent partisan du retour des écolos aux responsabilités. Parlant de lui-même à la troisième personne, il s’emporte :

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C’est ça ! Et quand François-Michel Lambert quittera aussi EELV, qu’est-ce qu’ils iront inventer ? On dira que c’est parce qu’il est carriériste là aussi ? Tout ça, c’est la traduction du harcèlement permanent dont sont victimes ceux qui soutiennent François Hollande de la part de ceux qui sont cornaqués par Cécile Duflot.

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Christophe Cavard, lui, balaye tout procès en opportunisme :

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Avec une place de 2e de liste, j’aurai pu me contenter de la boucler et d’être élu tranquillement. La vérité, c’est que cette liste reproduit les dissensions au sommet du parti : elle ne se parle qu’à elle-même et se perd dans des petits arrangements entre sous-courants.

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Un autre de ses députés qui l’abandonne, son siège parisien qui ne trouve pas d’acheteur... sale semaine pour les écolos.

Du rab sur le Lab

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