En marge de ses vœux à la presse mardi 20 janvier, Manuel Valls a livré quelques éléments d'explication de texte. Si son propos à la tribune a été marqué par l'évocation d'un "apartheid territorial, social et ethnique", Manuel Valls a balayé de nombreux sujets dans son discours et donné quelques clés et explications dans les salons de Matignon, une fois le discours prononcé.
>> "Le président garde la tête froide et les pieds sur terre"
Le Premier ministre est revenu sur les heures particulières vécues avec le Président de la République lors des attentats qui ont ensanglanté la France. Une "période particulière, unique." Et de continuer :
Entre le Président et moi, ça a conforté le lien qui est le nôtre. Après, cela peut être effacé, poli par le temps.
>> "Cette citoyenneté - ne parlons pas d'intégration, oublions les mots qui ne veulent plus rien dire - a besoin d'être refondée"
Le Premier ministre fixe comme priorité de son gouvernement la lutte contre les inégalités. Cette question est "au cœur de cet enjeu fondamental qu'est la citoyenneté". Suivant son mantra - je dis les choses -, Manuel Valls balaie d'un revers de main le terme d'intégration au profit de celui de citoyenneté. Il explique : "Il y a un problème de citoyenneté. Comment devient-on un citoyen français ? Ils sont intégrés, ils sont Français." L'intégration, terme hors sujet selon lui :
Il y a un échec. Mais ce n'est pas l'échec de l'intégration, ce n'est pas un problème d'intégration.
>> "Tout est question de ton, de tonalité"
Il y a un "avant" et un "après" 7 janvier, répète Manuel Valls. Un après qui oblige. La mission du gouvernement est de garder "ce niveau de gravité", de "privilégier le dialogue" de "se hausser au niveau d’exigence voulu par les Français". A plusieurs reprises, durant le discours puis après, Manuel Valls insiste sur "le ton, la tonalité" : "Tout est question de ton, de tonalité... avec l'opposition, le PS, les Français."
Si les Français ont le sentiment qu'on les manipule, ils vont mal réagir et ils auront raison.
Poursuivre les réformes dans un état d'esprit grave et une certaine tonalité, donc : "La démocratie, ce sont des différences qui s'expriment, des alternatives qui sont proposées mais tout va être une question de ton."
>> "Ce que j'évoquais en 2005 déjà, un apartheid territorial, social, ethnique, qui s'est imposé à notre pays."
Mantra - n'ayons pas peur des mots - toujours, Manuel Valls martèle après son discours : "Il faut dire les choses. En parlant, en disant le choses, on est entendus par les Français." Interrogé sur les propos de Malek Boutih qui accuse des élus locaux de compromission et demande la mise sous tutelle de certains territoires , il ne les récuse pas : "Il n'est pas le seul à dire ça", constate l'ancien maire d'Evry. Sur la demande du député de l'Essonne de mettre la ville de Grigny sous tutelle, Manuel Valls déclare :
Grigny est déjà quasiment sous tutelle.
La ville a, en effet, été sous tutelle plusieurs années mais sous tutelle budgétaire... Manuel Valls refuse de dire s'il faut aller plus loin.
>> Abordé après le discours, le cas Dieudonné ...
Dieudonné est convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février pour apologie du terrorisme. En cause, un message posté sur Facebook dans lequel il écrivait "je me sens Charlie Coulibaly", en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris. Interrogé sur cette procédure, Manuel Valls répond à ceux qui l'accusent "d'en faire un héros" :
Et le laisser à l'extérieur, qu'est ce que c'est ?