Dans le paysage politique, il y a certaines saillies qui piquent plus que d’autres. Tenue à une certaine réserve depuis sa mairie de Lille, Martine Aubry fait partie de cette catégorie. Alors, quand elle signe, avec de nombreux élus PS du Nord, un communiqué pour dénoncer "l’aberration" que constitue selon elle la fusion de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais, ça ne passe pas inaperçu.
Car cette "fusion" est devenue, après la question de la Bretagne et des Pays de la Loire, l’un des nœuds gordiens de la réforme territoriale et du redécoupage des régions. Ces élus du Nord ne manquent pas de métaphores pour critiquer ce nouveau découpage proposé par les députés socialistes, avec l’assentiment du gouvernement et du couple exécutif.
Pour le premier secrétaire fédéral du Nord, l’eurodéputé PS Gilles Pargneaux, interrogé par Le Figaro de ce jeudi 17 juillet, "il n’y a pas eu de discussion préalable". "Nous avons ressenti ça comme un diktat", ajoute-t-il.
"Ce n’est pas un jeu de Meccano ou de Monopoly, c’est du concret", embraye l’eurodéputé, suivi dans sa critique par le président du groupe socialiste au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Michel-François Delannoy :
On ne joue pas aux Sims. C’est sérieux ce dont on parle.
Pour l’opposition UMP, cette diatribe contre un rapprochement Picardie/Nord-Pas-de-Calais a surtout un fondement politique : embêter Martine Aubry. Et ne pas trop favoriser Marine Le Pen.
Ainsi, "un responsable UMP du Nord", cité par Le Parisien de ce 17 juillet, décrypte :
Valls veut faire ch… Aubry ! Elle voulait se présenter aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais face à Marine Le Pen, elle ne peut plus.
Et Le Figaro de sous-entendre que, si elle n’obtient pas gain de cause, Martine Aubry pourrait sortir de sa réserve également sur la politique économique du gouvernement. Et l’on pourrait parier que ce ne serait pas pour l’encenser.