BOITE A BAFFES - On ne parle pas de "tâche indélébile sur l'action du gouvernement" impunément. Cécile Duflot est en train d'en faire l'expérience. L'ancienne ministre, qui avait utilisé ces mots pour évoquer la mort de Rémi Fraisse à Sivens, est désormais la cible d'un gouvernement qui l'incendie de concert. Après les scuds de Jean-Marie Le Guen lundi 3 novembre sur Europe 1, voici une tirade de Manuel Valls rapportée par Le Canard Enchaîné daté de mercredi 5 novembre.
Et la teneur des attaques est exactement la même. Le Premier ministre et le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement utilisent tous deux les registres de "l'irresponsabilité", de la "dérive" et du "gauchisme". Pour le locataire de Matignon, cité par l'hebdomadaire, la petite phrase de la députée écolo constitue "une provocation indigne d'une ancienne ministre de la République". Il enchaîne :
Le jour où Duflot a choisi de quitter le gouvernement, elle a perdu tout sens des responsabilités et elle est partie en vrille. Elle est retombée dans la maladie infantile de l'écologie : le gauchisme.
Les écologistes, anciens partenaires du gouvernement, apprécieront. De son côté, Jean-Marie Le Guen fustigeait lundi les réactions de certains responsables, comme "monsieur Mélenchon" ou des "écologistes", qui avaient mis en cause le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve après la mort de cet opposant au projet de barrage contesté dans le Tarn. Et il lâchait ses coups :
Cette forme d’escalade gauchiste est extrêmement dangereuse.
[...] Je pense [que Cécile Duflot] a perdu ce qu’elle avait acquis lorsqu'elle était au gouvernement, c'est-à-dire le sens de l'État.
[...] Depuis qu'elle a quitté le gouvernement, elle est en perpétuelle dérive. Elle s'éloigne de ce qu'est la responsabilité de la gestion d'une société.
Ce à quoi l'intéressée avait répondu, sur le plateau du Grand Journal dans la soirée :
Quand on a du mal à répondre sur le fond d'un sujet, on fait diversion, c'est classique. On attaque les personnes. Plus on est mal à l'aise, plus on monte dans les mots. J'ai parlé mardi dernier, fort, avec des mots sincères. Que ça puisse en contrarier certains, je le constate, mais je considère que j'ai agi avec beaucoup de responsabilité parce que j'ai alerté publiquement mais surtout en privé, à bas bruit, longuement, pour dire que la situation était extrêmement précaire à Sivens.
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