À moins d'une semaine de l'élection du successeur de Jean-François Copé, Bruno Le Maire a décidé de ne plus prendre de gants. Invité de France Inter ce lundi 24 novembre, le député de l'Eure a directement visé son principal adversaire dans la course à la présidence de l'UMP : Nicolas Sarkozy. Et pas qu'un peu.
Ça commence avec un retour sur les sifflets qui ont accueilli Alain Juppé samedi 22 novembre, lors du meeting de Nicolas Sarkozy à Bordeaux, un "spectacle consternant" selon Bruno Le Maire. Dimanche 23 novembre, invité de BFMTV, il avait pourtant refusé de "distribuer les bons et les mauvais points" après ces sifflets.
Surtout, le député de l'Eure relève que ces huées ont visé Alain Juppé au moment où ce dernier évoquait un rapprochement de la droite avec le centre. Et ça, Bruno Le Maire trouve ça un peu étrange :
"Là où je suis un peu surpris des sifflets c'est qu'après tout, cette idée de grand rassemblement sans clivages de gauche ni de droite où l'UMP absorberait l'UDI et se reconstituerait en une espèce de grande formation un peu nébuleuse, c'est l'idée de Nicolas Sarkozy.
"
Et hop, c'est parti. Dans la dernière ligne droite, tout est bon pour taper sur l'ex-président. Ça marche par exemple avec l'UDI. "C'est là où je ne comprends pas très bien la cohérence du projet de Nicolas Sarkozy. Comment est-ce qu'à la fois il peut proposer qu'on retire des compétences à l'Europe et de l'autre côté proposer qu'on absorbe le centre qui lui est favorable à ce qu'on donne plus de compétences à l'Europe ? Tout ça est confus", note Bruno Le Maire.
Oh, tiens, ça marche également avec Schengen. "Quand j'entends dire qu'on va sortir de Schengen, mais quelle plaisanterie !" attaque-t-il, réclamant sur les questions d'immigration une politique européenne beaucoup plus ferme.
Notez que ça marche également avec la primaire UMP prévue – encore – pour 2016. Bruno Le Maire est clair :
"Pour moi il y a incompatibilité totale [entre le rôle de président de l'UMP et celui de candidat à la primaire, ndlr]. On ne peut pas être juge et parti. Dans nos statuts on dit que si le président de l'UMP veut être candidat aux primaires, il doit démissionner un petit peu avant. Eh bien moi je vais être beaucoup plus précis que ça : si le président de l'UMP veut être candidat aux primaires, il doit démissionner le jour même.
"
Le premier tour de scrutin pour l'élection du président de l'UMP a lieu le samedi 29 novembre. Et cela n'a peut-être rien à voir avec l'offensive lancée par Bruno Le Maire dans cette dernière ligne droite, mais, selon un sondage Harris Interactive pour LCP publié ce lundi 24 novembre, il est au coude à coude avec Nicolas Sarkozy auprès des sympathisants de droite pour gagner le parti. Il est en revanche distancé auprès des sympathisants UMP. Voilà peut-être pourquoi Bruno Le Maire choisi l'option offensive.
Quant à Hervé Mariton, invité de France Bleu ce lundi 24 novembre, il a décidé de renvoyer dos-à-dos Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy, expliquant que lui, contrairement aux deux autres, n'ambitionne pas devenir président tout court. Il estime même que Bruno Le Maire cache de moins en moins son ambition élyséenne, et ça lui pose un sérieux problème.
Au Lab, il ajoute :
"La position de Bruno Le Maire est presque moins claire que ce que disent les statuts. Ça veut dire qu'on dirige l'UMP avec plein d'arrière-pensées. C'est une approche très jésuite, c'est plein de restriction mentale. Je pense aux choses mais je ne les dis pas. On peut penser aux choses et dès lors qu'on ne les dit pas, on peut continuer de les faire. Eh bien non. C'est exactement ce que Pascal dénonce dans "Les Provinciales". Je l'invite à relire Pascal et à voir comment il dénonce la restriction mentale.
"
[EDIT 13h25] Ajout déclaration Hervé Mariton