Pro-Syriza, anti-austérité, adversaire de la finance: Christian Estrosi, ce gauchiste qui s'ignore

Publié à 13h30, le 28 janvier 2015 , Modifié à 13h37, le 28 janvier 2015

Pro-Syriza, anti-austérité, adversaire de la finance: Christian Estrosi, ce gauchiste qui s'ignore
Christian Estrosi © KENZO TRIBOUILLARD / AFP

A GAUCHE TOUTE - Christian Estrosi serait-il en train d’achever une improbable mue idéologique ? En quelques jours et sur deux sujets d’actualités bien différents, le maire de Nice –pourtant réputé pour ses opinions droitières et son sarkozysme invétéré – s’est démarqué par des prises de positions à gauche. Très à gauche.

Premier épisode avec la victoire électorale de Syriza en Grèce. Alors que la gauche française se réjouit -dans son ensemble- de l’arrivée au pouvoir du parti d’Alexis Tsipras, Christian Estrosi propose son décryptage. Il tweete dimanche 25 janvier :

Les socialistes français, chantres de l’austérité ? L’analyse n’aurait rien de surprenant dans la bouche d’un Jean-Luc Mélenchon, grand pourfendeur du "modèle social-libéral" et de la politique menée par le tandem Hollande-Valls. Mais de la part d’un cadre de l’UMP, parti dont les principaux leaders s’accordent sur la nécessité d’un plan d’économie de plusieurs dizaines de milliards d’euros dans le budget de l’Etat (110 milliards pour François Fillon, 100 milliards pour Juppé, 140 pour Sarkozy…), elle peut surprendre.

Et le député des Alpes-Maritimes ne va pas s’arrêter là. Trois jours plus tard, mercredi 28 janvier, sur le plateau d’iTÉLÉ,  Christian Estrosi s’attaque, dans un vocabulaire tout mélenchonien, au "financier" Macron et à son projet de loi croissance et activité :

On ne soigne pas le cancer avec un tube d’aspirine comme essaie de le faire depuis deux jours au parlement un financier venu d’une banque qui s’intitule ministre de l’Industrie, qui n’a pas pris une seule mesure en faveur de la production, de la croissance.

Renvoyer le ministre de l’Economie à ses origines professionnelles : un procédé courant à la gauche de la gauche qui n’a de cesse de dénoncer l’action de "Monsieur le banquier" ou du "gouvernement de la Finance". Moins à droite. Ce qui n’empêche pas Christian Estrosi de généraliser sur la finance :

Et bien, les financiers sont pour la plupart du temps des gens qui ne connaissent rien de la vraie vie. […] Les financiers sont dans le virtuel. Quand vous voyez M. Macron qui vous dit hier soir « vous savez il y a plein d’endroits en France où il n’y a pas le TGV ? […] Oh je vais les remplacer par des autocars. » Je suis sûr que ce monsieur n’a jamais pris un autocar de sa vie qui plus est.

Un procès en illégitimité qui n’est pas nouveau. En août 2014, au moment du remaniement du gouvernement Valls, le vice-président de l’UMP s’inquiétait déjà sur Twitter de la nomination d’ "Emmanuel Macron, un financier technocrate, comme ministre de l'industrie". Une arrivée qui allait nécessairement "mener notre outil de production à la catastrophe" selon le maire de Nice, qui s’estimait d’autant plus légitime à la critiquer qu’il avait lui-même occupé le poste sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

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