LA MAGIE - Hervé Mariton a travaillé sur le projet de loi énergétique, qui doit être présenté en Conseil des ministres mercredi 30 juillet. Et a bien l'intention de le faire savoir. "C'est un bon exemple sur le travail qu'on doit faire dans l'opposition, on doit travailler les sujets en amont", explique-t-il sur le plateau des Quatre vérités, le même jour sur France 2.
Le député UMP de la Drôme, chargé du projet pour l'UMP en 2017 et qui vient d'enregistrer ses premiers soutiens dans la course à la présidence du parti , détaille à son intervieweur pourquoi ce travail de fond lui permet de voir en Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie chargée de porter le projet, une "magicienne" et une "menteuse par omission", "parce qu'elle ne dit pas toute la vérité".
L'élu qui, en tant que membre de la commission d'enquête relative aux coûts de la filière nucléaire, a assisté aux auditions, commence par présenter "ce qui va bien" dans le projet de loi :
"Ce qui va bien c'est de s'intéresser aux économies d’énergies, réduire la facture énergétique, c'est plus de 3.000 euros donc baisser la facture est une bonne chose, que ce soit dans le logement ou dans les transports.
"
C'est ensuite que les choses se gâtent. Ségolène Royal, qui a promis la veille le déblocage de 10 milliards d'euros pour "verdir" la France sur trois ans, "ne les a pas", assure le député de la Drôme :
"La magie, c'est pour une ministre dont le budget vient d'être sacrifié, moins 3%, de dire : "ben voilà je vais vous trouver 10 milliards d'euros". Elle ne les trouvera pas, elle ne les a pas.
"
Ces 3% de baisse du budget, détaillés le 9 juillet dernier par le gouvernement, correspondent à une réduction de 400 millions d'euros de l'enveloppe du ministère, explique la presse spécialisée .
Vient enfin le mensonge par omission. Explication d'Hervé Mariton :
"Hier la presse a été très aimable avec Ségolène Royal en mettant en avant les choses positives et en omettant l'aspect ruineux de cette stratégie qui va coûter des dizaines de milliards d'euros.
"
Le député dit s'être rendu mardi à Fessenheim, en Alsace, où se trouve la plus vieille centrale nucléaire du parc français. Celle que François Hollande a promis de fermer pendant sa campagne présidentielle.
Le nom de la centrale n'est pas mentionné dans le projet de loi présenté par Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie (Le Lab vous expliquait pourquoi mi-juin ). Mais selon Hervé Mariton, cela ne l'empêche pas d'être directement concernée par le texte. "On nous dit : "il n'y a pas la fermeture de Fessenheim dans l'annonce du gouvernement"", entame l'élu qui y voit "un engagement idéologique totalement partisan". Il poursuit :
"C'est la conséquence immédiate de ce projet. Quand il dit plafonner la production nucléaire à 60 GW ça veut dire, au moment de l'entrée en service de Flamanville dans deux ans, la fermeture de deux tranches nucléaires. Il va falloir payer cela, indemniser EDF, ça va couter des milliards d'euros. Et puis ensuite dire : "en 2025 pas plus de 50% de production d'électricité nucléaire dans notre mix énergétique" (autre promesse de François Hollande), eh bien ça veut dire reproduire les fermetures de réacteurs. Non pas sur un ou deux mais sur une vingtaine de réacteurs. On est alors à un coût de plusieurs dizaines de milliards d'euros.
"
Un coût qui devra être couvert, assure encore l'élu, non pas "par le roi de Prusse", mais par "le contribuable".
Invitée le même jour de BFM , la ministre a assuré qu'il "faut baisser la part du nucléaire" :
"Mon objectif n'est pas d'opposer les énergies les unes aux autres. Je veux une loi d'équilibre et qui soit dans l’intérêt général de notre pays.
"
Si elle refuse de condamner l'énergie nucléaire, qui a "apporté un socle de sécurité de production", la ministre a toutefois indiqué :
"Quand de nouvelles centrales vont ouvrir, les anciennes centrales, les plus chères, devront fermer.
"