François Hollande vu par ses proches ? Un futur chef de l'État qui a savamment su rouler Jack Lang dans la farine. Un président qui fait une "erreur de communication" incompréhensible dans l'affaire Léonarda. Et même un homme bicéphale.
Le Lab a pu voir en avant première le documentaire Que se passe-t-il dans la tête de François Hollande, réalisé par Laurent Portes et orchestré par Franz-Olivier Giesbert, qui sera diffusé sur France 3, à 20h45, le 7 avril. Morceaux choisis.
#ENFUMAGE
Jean-Christophe Cambadélis, livre une anecdote remontant au temps où il était numéro 2 du PS. Le député de Paris raconte que François Hollande, qui n'avait pas l'air partant pour être candidat lui même aux élections européennes de 1999, avait demandé à son adjoint de voir Jack Lang pour lui demander de se lancer. L'ancien ministre de la Culture s'était exécuté et "les sondages, étonnamment, donnaient quand même un Parti Socialiste qui faisait des scores qui n'étaient pas mauvais", se souvient Jean-Christophe Cambadélis.
C'est alors que le futur président de la République sort du bois :
Au dernier moment, 48 heures avant que l'on se décide définitivement, François Hollande me dit : "il est toujours candidat Jack Lang ?". "Ben ... oui". "Non... mais je vais y aller !". "Mais qu'est ce que l'on fait de Jack Lang ?". "Préviens-le". Et c'est comme ça qu'il est parti à la candidature au dernier moment, quand tout était clair, quand il avait le terrain.
Un passage isolé par le Lab :
#NAUFRAGE
Un autre homme qui connaît très bien François Hollande revient sur l'affaire Léonarda. Cette auto destruction politique sans précédent, comme l'avait analysé notre éditorialiste Olivier Duhamel.
À l'époque, en octobre 2013, François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon, évoquait, interrogé par Le Télégramme, une "crise passagère", pointant un "emballement médiatique" et un manque de discernement "dans la chaîne du commandement du département du Doubs".
Face à la caméra de Franz-Olivier Giesbert, il dit clairement que, selon lui, François Hollande n'aurait jamais du prendre la parole pour proposer à la jeune fille de revenir en France :
Léonarda, c’est une erreur de communication, je ne sais pas comment c’est possible ça. Ça relève du préfet du département. C’est une histoire qu’on traite dans le Doubs. […] Ça devait être ça, s’arrêter là.
Des yeux ronds d'effarement à regarder ci-dessous :
Concernant les gros problèmes de communication du chef de l'État, François Rebsamen ajoute :
Je le soutiens, je le défends parce que j’ai de l’affection, de l’amitié pour lui. Mais j’ai un sujet d’interrogation : c’est sa communication. Sa manière de communiquer, sa méthode… Je ne sais pas, peut être dix fois avec Stéphane Le Foll, on lui a dit : « mais il faut que tu t’adresses directement aux français pour leur dire les choses. » [...] J'ai l'impression c’est quelque chose qui le gêne.
Stéphane Le Foll, justement, dit la même chose. Mais le ministre de l'Agriculture noie un peu plus le poisson :
Il y a peut être pour François [...] une difficulté à allier cette capacité qu’il a être dans le récit, la force, le souffle et à se retrouver dans le message simple, compréhensible rapidement, par tout un chacun.
#SCHIZOPHRÉNIE
Enfin, Pascal Lamy, ancien patron de l'Organisation mondiale du commerce, est persuadé que François Hollande a deux cerveaux, "côté jardin et côté cour" :
Je pense qu’il peut parfois tromper son monde, qui ne voit au fond que le côté jardin, fleuri, avec une végétation sympathique, des endroits où l’on peut s’assoir, converser, discuter. Quelque chose finalement, de très très séduisant. [...] Et puis, il y a un autre cerveau ailleurs, côté cour, qui est celui auquel la plupart de ces interlocuteurs, si ce n’est tous d’ailleurs à mon avis, n’ont pas accès. Qui est un cerveau plus politique, plus reptilien, beaucoup plus secret. Et c’est dans celui-là que l’essentiel se passe.
Et c'est le troisième passage isolé par le Lab dans ce documentaire de France 3 :
[Bonus track] Interrogé par le Lab, lundi 31 mars, Franz Olivier Giesbert confesse un seul regret. Il a réussi à convaincre Aquilino Morelle, nouveau grand manitou de la com' présidentielle, de parler à la caméra. Michel Sapin, Manuel Valls, Jean-Luc Mélenchon et Julien Dray aussi. Mais pas Ségolène Royal, "et pourtant, j'ai tout essayé et j'aurais adoré l'avoir", assure-t-il.
À défaut de parler, Ségolène Royal apparaît quand même largement. Sur 1 h 30 de film, dont beaucoup de savoureuses images d'archives, une large part de la première moitié est consacrée aux femmes de François Hollande. Dana Hastier, la directrice de l'unité documentaire de France 3, explique au Lab que "en prime time, sur France 3, il faut commencer par garder le public de Plus Belle la vie".
Le documentaire "Que se passe-t-il dans la tête de François Hollande ?" sera suivi, à 22h15, d'un autre : François Hollande et nous, de Anna Cabana et Julien Johan, centré sur les sondages. Puis par un Google Hangout avec les deux auteurs.