Remise à plat de l'écotaxe : Ségolène Royal cible les camions étrangers et les sociétés d'autoroute

Publié à 09h50, le 15 avril 2014 , Modifié à 10h05, le 15 avril 2014

Remise à plat de l'écotaxe : Ségolène Royal cible les camions étrangers et les sociétés d'autoroute
Ségolène Royal sur BFMTV le 15 avril 2014. © images BFMTV

Elle a affiché son opposition à la mise en place de l'écotaxe avant son arrivée au gouvernement. Ségolène Royal, désormais ministre de l'Ecologie, commence à avancer ses "pistes" pour renverser ce qui avait été prévu par le Grenelle de l'Environnement en 2009. Invitée de BFMTV le 15 avril, elle affiche très clairement sa cible : les camions étrangers.

Pas question pour Ségolène Royal de taxer davantage les poids lourds français, visés initialement par l'écotaxe. Elle explique qu'ils "payent déjà" via la TIPP, la taxe sur les produits pétroliers :

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Vous avez aujourd’hui des camions français qui payent déjà la TIPP, qui sert à entretenir les routes, et des camions étrangers qui ne payent rien car ils n’achètent pas l’essence en France et ils se débrouillent en plus pour ne pas prendre les autoroutes.

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A partir de là, la nouvelle ministre de l'Ecologie présente ce qu'elle prend soin d'appeler des "pistes", refusant de faire toute "annonce" :

1 - Obliger les camions étrangers à utiliser les autoroutes ... puis taxer les autoroutes

Ségolène Royal souligne les bénéfices engendrés par les sociétés d'autoroutes et estime logique de les mettre à contribution, a fortiori si un système oblige les poids lourds étrangers à emprunter leurs voies, et non plus les nationales :

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J’observe que les autoroutes qui ont été privatisées en dessous de leur prix par le gouvernement Villepin font aujourd’hui 8.5 milliards de chiffre d’affaires et 2.5 milliards de bénéfice (...).

 Si demain on oblige les camions à prendre les autoroutes, il y a peut-être une légitimité à faire en sorte que, dans une bonne allocation des ressources, les profits tirés du passage des camions sur les autoroutes puissent servir à entretenir les routes.

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2 - Faire payer une vignette aux camions étrangers

C'est l'autre idée de la ministre : supprimer les portiques qui devaient servir à récolter l'écotaxe - et qui doivent coûter plusieurs centaines de millions d'euros de loyer à l’État - et leur préférer la mise en place d'une vignette ... pour camions étrangers :

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A la place des portiques, (...) faire payer une vignette aux camions étrangers à la frontière, comme ça on est sûr de ne faire payer que les camions étrangers, pas de distorsion de concurrence avec les transporteurs français.

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Ségolène Royal ne se prive pas au passage de dénigrer les idées avancées par son prédécesseur et désormais secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, avec qui l'opposition sur l'écotaxe n'est pas nouvelle . Sans le nommer, elle estime "absurde" d'avoir imaginé, "pour ne pas fâcher les camions", répercuter le prix de l'écotaxe "sur les producteurs".

C'est justement ce qu'avait avancé Frédéric Cuvillier sur RMC quelques jours plus tôt, le 10 avril, en soulignant que l'écotaxe devait être "intégrée dans le coût du transport" et ainsi ne pas "être à la seule charge des transporteurs routiers" : "Ceux qui ont une utilisation économique des routes doivent contribuer à la modernisation. (...) Cela doit être un élément du prix de transport".

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