"Il est évident que son programme est impossible à réaliser". Ce n'est pas une surprise, Alain Lamassoure est *légèrement* dubitatif quant à l'arrivée au pouvoir d'Alexis Tsipras, leader de la coalition de gauche radicale Syriza et nouveau Premier ministre grec. Invité de Radio Classique mardi 27 janvier, l'eurodéputé UMP promet donc à la Grèce des "lendemains [qui] vont sûrement déchanter très fortement".
Alain Lamassoure regrette surtout le coup d'arrêt que cette alternance porte à la politique du Premier ministre conservateur sortant, Antonis Samaras. Il explique :
"Augmentation des salaires de 30 %, création de centaines de milliers d'emplois dans la fonction publique [éléments du programme de Syriza, ndlr] : exactement le contraire de ce que la Grèce a engagé avec beaucoup de courage avec le Premier ministre sortant Antonis Samaras, depuis quelques années, et qui commençait à porter ses fruits, puisque pour la première depuis 5 ans, la Grèce avait atteint début 2015 un taux d'expansion d'environ 3% par an, et était même arrivée à un excédent budgétaire, en dehors du service de la dette, de 1,5% de PIB. Donc les lendemains vont sûrement déchanter très fortement.
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Voilà pour les regrets. Mais le chef de file de la délégation française du Parti populaire européen (droite) au Parlement européen souligne également que d'autres États membres de l'Union européenne, confrontés à des difficultés socio-économiques importantes, n'ont pas fait le choix d'une autre politique. Et de citer l'exemple de l'Irlande, qui n'a "pas gémi" et s'est "retroussé les manches", estime-t-il. Il appelle donc les Grecs à "faire de même" :
"Je voudrais quand même rendre sensible vos auditeurs à la comparaison entre l'Irlande et la Grèce. Quand l'Irlande est entrée dans l'Union européenne, elle était aussi pauvre que quand la Grèce est entrée. Sauf qu'aujourd'hui, l'Irlande est un pays qui a un revenu par tête d'habitant supérieur à la France, qui a été dans des difficultés économiques et financières gigantesques il y a quatre ans parce qu'il avait fait des folies immobilières, qui a demandé notre aide, qui l'a utilisée intelligemment, et qui aujourd'hui, grâce à des efforts prodigieux, est revenu sur les marchés.
[...] Donc les Irlandais, ils se sont pas plaints, ils ont pas gémi, ils ont pas créé des partis populistes, ils sont pas descendus dans la rue pour injurier les autres dirigeants européens.Ils se sont retroussés les manches et s'en sont sortis. Avec notre aide évidemment, mais une aide bien utilisée.Il est souhaitable que les Grecs aient le bon sens de faire de même.
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[Bonus Track] L'administration grecque ? "Archaïque et incompétente"
"Le programme [économique] imposé à la Grèce (par l'UE, la Banque centrale et le FMI) était manifestement inadapté", reconnaît Alain Lamassoure. "Trop brutal et trop violent, juge-t-il, parce qu'il ne tenait pas compte de ces archaïsmes administratifs grecs." Des "archaïsmes" qu'il avait détaillés quelques secondes plus tôt :
"La vérité c'est que la Grèce est un pays qui reste, pour employer un vocabulaire aimable, très archaïque qui n'a pas une administration compétente et honnête comme le reste des pays européens. Et je me souviens d'une remarque d'un des prédécesseurs d'Antonis Samaras à François Fillon, au moment du premier plan d'aide à la Grèce. Il lui avait dit : 'Tu comprends, la différence entre la France et la Grèce, c'est que toi, Premier ministre, tu donnes un ordre, tu appuies sur un bouton et toute l'administration obéit : les impôts rentrent, les préfets obéissent. Moi, je donne un ordre et il ne se passe rien'. Alors Samaras a fait de gros efforts pour essayer de bâtir une administration grecque moderne, nous en sommes encore assez loin et cela va prendre du temps.
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