Allocation de rentrée scolaire et écrans plasma : l’argument radoté d’un député UMP

Publié à 17h38, le 22 août 2013 , Modifié à 17h38, le 22 août 2013

Allocation de rentrée scolaire et écrans plasma : l’argument radoté d’un député UMP
Edouard Courtial. (Maxppp)

GIMMICK – Il a de la suite dans les idées et ne lâche visiblement pas facilement l’affaire. Depuis 2008, le député UMP (et bref ministre de Nicolas Sarkozy des Français de l’étranger) Edouard Courtial est en croisade contre les abus à l’allocation de rentrée scolaire (ARS).

Une croisade que celui qui fut co-directeur de campagne de Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP relance ce jeudi 22 août dans le Figaro (support privilégié pour faire passer, régulièrement, son message).

Édouard Courtial propose ainsi que cette aide ne soit plus versée directement sur le compte bancaire des parents mais distribuée sous forme de bon d’achat. Son argument massue : les parents en profitent pour acheter des écrans plasma ou des enjoliveurs pour leur voiture.

Ainsi affirme-t-il au Figaro, reconnaissant que les parents qui abusent sont une minorité marginale :

Ceux qui achètent avec l'ARS des écrans plasma ou des enjoliveurs pour leur voiture ne constituent qu'une fraction marginale des bénéficiaires. Une étude menée par dix caisses d'allocations familiales (CAF) a montré que 90 % des parents en faisait bon usage. Mais, compte tenu de la dépense publique extrêmement importante représentée par l'ARS dans un contexte budgétaire contraint, ce ne serait pas du luxe de contrôler sérieusement les 10 % qui exagèrent en prenant tout ou partie de la somme pour acquérir des biens qui n'ont rien à voir avec l'école.

Un argument que le responsable UMP à la reconversion contestée reprend depuis 2008. Retour sur le "running-gag" de l’élu de l’Oise.

>> Septembre 2008

Jeune député de la majorité, qui entame son deuxième mandat alors que Nicolas Sarkozy est à l’Elysée depuis plus d’une année, Edouard Courtial met le sujet de l’ARS sur la table au JT de France 2 du 1er septembre 2008. Avec déjà son argument cathodique :

Il ne s’agit pas d’acheter des télés avec l’Allocation de rentrée scolaire.

 

Un mois plus tard, il dépose un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale en ce sens. Cosigné par 35 députés UMP, il tombera aux oubliettes, critiqué par certains membres de la majorité comme Nadine Morano. Ce qu’il expliquera en 2010 au Figaro pour justifier le passage à l’étape supérieur : la proposition de loi.

>> Décembre 2009

Proche de Jean-François Copé, Edouard Courtial est chargé, en 2009 par le maire de Meaux d’une mission "Aide sociale : droits et devoirs". 

Et dans une interview au Figaro, en décembre 2009, dans laquelle il détaille les contours de sa mission, le député insiste sur… l’ARS :

L'allocation de rentrée scolaire devrait être versée sous forme de chèques "entrée scolaire" et non plus de numéraire, afin de garantir un emploi réel de cette aide à destination des enfants.

Et d’annoncer une initiative législative à venir :

Je vais déposer une proposition de loi en ce sens.

>> Janvier 2010

Fidèle à son annonce au Figaro un mois plus tôt, Edouard Courtial passe à l’étape législative. Et le quotidien de Serge Dassault annonce, "une info Figaro.fr", en janvier 2010, qu’un "parlementaire UMP a déposé une proposition de loi pour que l'allocation de rentrée scolaire versée aux familles en difficulté ne soit plus utilisable autrement que pour des achats liés à l'école".

Au Figaro, Edouard Courtial raconte la genèse de cette proposition de loi. Une fois encore, l’argument "plasma" est mis en avant via une anecdote façon "Café du commerce" :

C'est simple, j'étais dans un café, et j'ai entendu une conversation au comptoir. Un homme a demandé à un autre : ‘Alors, tu l'as eu ton écran plasma ?', et l'autre lui a répondu : ‘Non, j'attends l'ARS'.

>> Août 2010

Huit mois après avoir déposé sa proposition de loi, pas inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée alors qu’il appartient à la majorité de droite du moment, Edouard Courtial fanfaronne dans le JDD, relayé par Le Figaro : sa proposition de loi plait au sein de son groupe, assure-t-il alors.

Ma proposition de loi a reçu 115 signatures de députés UMP.

Une PPL sans plus de succès que son amendement de 2008.

>> Juin 2012

En pleine campagne législative pour une troisième élection comme député, Edouard Courtial doit lutter contre l’élan majoritaire créé par la victoire élyséenne de François Hollande. 

Dans un portrait que lui consacre le Courrier Picard, le 4 juin 2012, ce proche de Brice Hortefeux rappelle au quotidien local, et à ses électeurs, ses combats au Palais Bourbon. Et notamment la réforme de l’ARS contre les abus et les écrans plasma.

La hausse de 25% de l'allocation de rentrée scolaire promise par la gauche ne doit pas servir à acheter des écrans plasma plus grands de 25%.

Du rab sur le Lab

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