C'EST CELA OUI - On le sait, ça va mieux™ entre Anne Hidalgo et Emmanuel Macron. C'est Emmanuel Grégoire, adjoint de la maire de Paris, qui le confiait récemment, tout en concédant que "ce n'est pas encore le fol amour". Tout cela implique que leurs relations n'aient pas toujours été idylliques par le passé. Mais si vous le voyez comme ça, vous êtes certainement un journaliste qui ne fait rien qu'à voir le mal partout. C'est du moins ce qu'Anne Hidalgo pense de vous.
Présente ce mardi 11 juillet à Lausanne pour défendre avec le chef de l'État la candidature de Paris pour les JO 2024, la maire PS de la capitale était interrogée par la RTS au sujet de ses rapports avec Emmanuel Macron. L'occasion pour elle de se dire "très respectueuse du président de la République et des institutions" républicaines, tentant de minimiser les propos pourtant très durs qu'elle a eus à son encontre il y a encore quelques mois. Voici l'échange :
"- Anne Hidalgo : Il a eu une très belle victoire et je ne peux que la saluer. Et maintenant, on est ensemble sur beaucoup de projets.
- Journaliste : Ça vous rapproche ?
- Anne Hidalgo : Oui, bien sûr.
- Journaliste : Humainement, ça vous rapproche ?
- Anne Hidalgo : Mais bien sûr, moi vous savez je suis quelqu'un de rationnel, j'ai pas... La presse a tendance à expliquer et à faire de chaque petite phrase des éléments de conflit qui souvent ne sont pas de cette nature-là.
"
Allons bon.
Alors comme ça, son cultissime "J'en ai rien à battre" en direct sur LCI, lorsqu'on lui demandait un commentaire sur les tribulations de celui qui n'était alors qu'un ministre très gênant au gouvernement, ce n'était pas conflictuel ?
Pas plus que cette looooongue et bien violente saillie datant d'il y a tout pile un an ?
"Je suis quand même un peu étonnée, si vous voulez... Quelqu'un qui se présente comme 'antisystème', qui a été un énarque, qui vient d'une banque d'affaires, qui a été quand même conseiller du président de la République et qui a mis [en oeuvre] une bonne partie de la politique économique du pays - qui n'a pas produit les effets, qui était plutôt en soutien de l'austérité et de ce qui se passait à l'échelle européenne. Je suis un peu surprise qu'un personnage en plus sans trop de loyauté vis-à-vis de ceux qui l'ont aidé... [...]
Je suis un peu surprise qu'on continue à produire, dans notre système médiatico-politique - parce qu'il est totalement dans notre système médiatico-politique -, des espèces de personnages qui, parce qu'ils auraient une certaine énergie, une volonté de tuer le père, la mère et les frères et soeurs, que finalement on crédite cela. [...] Je suis un peu surprise qu'on continue à mettre en avant ce type de profils. Moi j'ai pas entendu le début du commencement d'une idée. Il est quand même le pur produit d'un système, un système très français, un système de reproduction d'élites. Il est totalement, pour ceux qui s'intéressent à Bourdieu, la caricature de ce que Bourdieu décrit comme étant une des faiblesses, un des maux de notre société, de notre pays, à savoir cette reproduction des élites qui un jour arrivent et qui nous expliquent qu'ils sont hors système.
"
Certes, Anne Hidalgo semble se souvenir qu'elle n'a pas toujours été hyper sympa avec Emmanuel Macron. Mais enfin, c'est quand même moins grave que ce qu'avaient dit certains autres responsables politiques, explique-t-elle à la RTS ce 10 juillet :
"Vous savez, il y a même son Premier ministre et beaucoup de membres de son gouvernement qui ont eu des propos sans doute encore plus durs que les miens, donc... [...] Il y a beaucoup de gens qui aujourd'hui sont dans son gouvernement et qui pourtant l'ont combattu bien plus violemment que je n'ai pu le faire.
"
La maire de Paris dit vrai : Édouard Philippe, tout comme Bruno Le Maire ou encore Gérald Darmanin, ont sévèrement critiqué le successeur de François Hollande ces dernières années. Mais rien de comparable avec ce que pouvait en dire Anne Hidalgo, dont la virulence n'avait d'égale que celle de Martine Aubry. C'est dire.
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