MAIS QU'EST-CE QUE VOUS ALLEZ CHERCHER LÀ ? - La future immunité parlementaire de Richard Ferrand n'aurait-elle pas un tout petit quelque chose à voir avec son exfiltration du gouvernement ? C'est ce que bon nombre d'entre vous ont dû se dire en apprenant que le ministre de la Cohésion des territoires, réélu député dimanche 18 juin, allait finalement prendre la tête du groupe LREM à l'Assemblée, selon le souhait d'Emmanuel Macron. Le désormais ex-ministre fait en effet l'objet d'une enquête judiciaire et risque donc une potentielle mise en examen à l'avenir. Or, aucune mesure coercitive (garde à vue, mandat d'amener) ne peut être prise par un juge à l'encontre d'une parlementaire sans que l'immunité de ce dernier n'ait été préalablement levée. Pratique.
Mais cela n'a absolument rien à voir avec le cas de Richard Ferrand, comme l'explique Benjamin Griveaux lorsqu'on lui pose la question, sur BFMTV lundi 19 juin au soir. Le porte-parole de La République en marche, élu député de Paris dimanche, explique :
"Il y a une enquête préliminaire qui est ouverte et je n'ai pas l'habitude de commenter les enquêtes en cours. Mais je ne crois pas qu'il y ait de quelconque lien entre le fait de confier à Richard Ferrand la présidence du groupe - en tout cas, il sera candidat à la présidence du groupe et à n'en pas douter, il sera élu - [et cette immunité parlementaire].
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Il en bénéficiera donc comme n'importe quel autre parlementaire français, mais il ne faut pas y voir la moindre tactique de la part de l'exécutif. Tout comme il ne faut pas voir le départ du gouvernement de Richard Ferrand sous un prisme négatif. S'il doit quitter son ministère malgré sa réélection dans un fauteuil dans la 6e circonscription du Finistère, c'est simplement que ses talents sont requis ailleurs, poursuit Benjamin Griveaux :
"C'est tout sauf une sanction puisque le poste le plus stratégique à l'Assemblée nationale sera à l'évidence celui de président du groupe de La République en Marche, dont on a dit que ce sera un groupe important, où nous avons - et nous en sommes fiers - de très nombreux primo-députés qui n'ont donc jamais exercé ce mandat parlementaire. Et donc il faut un homme qui ait l'expérience parlementaire, ce qui est le cas de Richard Ferrand [...]. Il faut aussi un homme de confiance du Président et Richard Ferrand a été parmi les tout premiers marcheurs et les tout premiers députés à s'affranchir du parti auquel il appartenait [le PS, ndlr] et à accompagner Emmanuel Macron. Donc c'est plutôt un signe d'absolue confiance du président de la République à l'endroit de Richard Ferrand.
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Une non-sanction absolument pas liée aux sombres questions d'immunité qui a tout de même - le hasard fait parfois bien les choses - le triple avantage de 1) débarrasser l'exécutif d'un ministre encombrant sur le plan judiciaire et moral, 2) protéger quelque peu ce même ministre tout en lui conférant un poste de prestige et 3) de libérer une place de choix au gouvernement pour un nouvel entrant. On ne pouvait pas rêver mieux.