Interdit de territoire, il pousse Claude Bartolone à annuler une visite de parlementaires en Russie. Le coup de pression du président de l'Assemblée nationale n'aura pas fonctionné: les Russes ne veulent pas désinscrire Bruno Le Roux de leur liste noire . En retour, Claude Bartolone a donc décidé d'annuler la visite des députés du groupe d'amitié franco-russe prévue pour le 18 juin à Moscou.
Dans un courrier daté de ce 8 juin et transmis à l'AFP, Claude Bartolone a écrit à Serguei Narychkine, président de la Douma :
"Les autorités de la Fédération de Russie ont confirmé l'interdiction faite au président du groupe socialiste (...) Bruno Le Roux d'entrer sur le territoire russe. Dans ces conditions, je ne vois d'autre option que d'annuler la participation française à la prochaine réunion de la Grande Commission France-Russie.
"
Le 1er juin, Claude Bartolone avait annoncé qu'il demanderait à Bruno Le Roux - président du groupe PS à l'Assemblée mais non membre du groupe d'amitié franco-russe - de participer exprès à cette délégation, lui qui venait d'apprendre qu'il était blacklisté par le Kremlin tout comme 88 autres personnalités européennes. Pas de Bruno Le Roux, pas de délégation, avait-il prévenu dans les médias et auprès des membres du groupe d'amitié.
La présidente PS dudit groupe d'amitié, Chantal Guittet, explique au Lab ses "regrets que cette rencontre n'ait pas lieu" mais comprend que la venue de Bruno Le Roux soit devenue "symbolique":
"Même en cas de désaccords, je suis pour maintenir le dialogue quoi qu'il arrive. Mais on ne pouvait pas faire autrement. En atteignant Bruno Le Roux, ça nous atteignait tous, nous les parlementaires français.
"
Chantal Guittet espérait surtout que le Kremlin "change d'avis", d'autant que la présence de Bruno Le Roux sur la liste noire russe n'a pas été expliquée par les autorités.
Une annulation qui "déçoit" également beaucoup le député UMP Hervé Mariton, vice-président du groupe d'amitié. Il fait savoir au Lab :
"C'est une porte de dialogue entre la France et la Russie qui se ferme de plus en plus. On ne se donne pas les moyens de discuter ensemble.
"
Mardi 2 juin, le président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob, avait jugé qu'imposer la présence de Bruno Le Roux était "une mascarade" :
"Bien sûr, ce n'est pas à la Russie de dire qui peut y aller ou pas. Bartolone a demandé à Le Roux de l'accompagner avec l'ensemble des présidents du groupe. (...) C'est une mascarade, un numéro de communication. C'est ridicule, inapproprié et pas au niveau.
"
Visiblement, le Kremlin en a pensé de même.
Edit 17h avec réaction de Chantal Guittet.