Pour Christiane Taubira, "il n'est pas acceptable de ne pas réfléchir" à la légalisation du cannabis

Publié à 15h38, le 11 juillet 2015 , Modifié à 15h40, le 11 juillet 2015

Pour Christiane Taubira, "il n'est pas acceptable de ne pas réfléchir" à la légalisation du cannabis
Christiane Taubira s'interroge : faut-il légaliser le cannabis ? © Jewel Samad /AFP

ON EN PARLE  ? - C’est un débat d’ordinaire tabou dans la politique française. Rare sont ceux à prendre position sur la nécessité d’un débat public autour de la question de la dépénalisation ou de la légalisation du cannabis. Et, comme Vincent Peillon avant elle, Christiane Taubira s’étonne que ce débat n’ait pas lieu.

Dans une interview fleuve au magazine Society, la ministre de la Justice réaffirme ainsi son souhait de voir ce débat autour du cannabis ouvert. Interrogée sur le fait de savoir si, à l’image des Etats américains qui légalisent, ce serait "tentant" de légaliser l’herbe si chère à Bob Marley, Christiane Taubira répond, sans faux semblant :

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Je ne sais pas si c’est tentant, mais je pense qu’il n’est pas acceptable de ne pas y réfléchir. Or, pour l’instant, il y a une espèce d’intimidation sur le sujet.

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Et de développer, attaquant la malhonnêteté de la droite sur le sujet. Elle dit :

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La droite en a fait une sorte de tabou, de manière tout à fait hypocrite d’ailleurs parce qu’elle a diffusé deux circulaires, en son temps, pour inciter les juridictions à être clémentes avec les consommateurs de marijuana. Je remarque qu’elle s’est bien gardée d’en faire la publicité.

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"Bref, il faut en parler", affirme-t-elle encore, assurant quant à elle ne pas avoir de position arrêtée sur ce sujet qui "la travaille depuis plus de 20 ans" et sur lequel elle dit avoir "beaucoup lu". Et d’ajouter, pour justifier son souhait de voir un débat sans tabou ouvert sur la question :

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A partir du moment où il y a autant de gamins qui goutent au cannabis, une société qui n’ose pas affronter le sujet est une société complice de dégâts

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Christiane Taubira tient là une position qu’elle avait déjà défendu sur le plateau du Petit Journal de Canal+ en décembre 2014 où elle assurait qu’elle n’était "pas une militante de la dépénalisation" mais qu’elle était profondément "choquée" que le débat ne puisse pas avoir lieu .

Au début du quinquennat, c’est le ministre de l’Education nationale d’alors, Vincent Peillon, qui avait tenu peu ou prou le même discours, engendrant un gigantesque débat polémique. Il avait cependant pris implicitement position pour la dépénalisation du cannabis mais surtout demandé à ce qu’un débat existe. Une sortie très vite critiquée avec véhémence par la droite et qui lui avait valu un sérieux recadrage et une "engueulade maîtrisée" de François Hollande ainsi que de son Premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault. Auteur de plusieurs couacs, dont celui-ci, Vincent Peillon avait fini par quitter le gouvernement. 

Mais le sujet a poursuivi son petit bonhomme de chemin depuis. En novembre 2014, dans un rapport parlementaire, la députée socialiste Anne-Yvonne Le Dain préconisait une légalisation contrôlée du cannabis dans la sphère privée.

Sauf que depuis son élection, François Hollande n’a jamais varié d’un iota sur la question du cannabis, réaffirmant être pour son interdiction. Quant au Premier ministre actuel, Manuel Valls, même s’il a concédé avoir "peut-être fumé une fois" du cannabis , il a toujours été fermement hostile à toute dépénalisation "car la société a besoin de normes, de règles".

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