COMME PAR HASARD - Vendredi, Emmanuel Macron signait devant les caméras les cinq ordonnances réformant le code du travail. Mais le calendrier pour la suite immédiate des événements comportait encore quelques zones d'un flou que Muriel Pénicaud et Christophe Castaner n'avaient pas totalement dissipé en conférence de presse. Entre "dans les heures qui viennent" et "en début de semaine prochaine" (version qui avait aussi circulé en off plus tôt dans la semaine), le porte-parole du gouvernement et la ministre du Travail ne donnaient en effet pas les mêmes indications quant à la publication des ordonnances au Journal officiel, passage obligé qui signe l'entrée en vigueur des textes législatifs.
.@murielpenicaud a évoqué une publication des ordonnances en début de semaine ; @CCastaner dit "dans les heures qui viennent" (...)
— Florence Mehrez (@florencemehrez) 22 septembre 2017
Cela n'aura finalement pas attendu le week-end, puisque cette parution au JO a eu lieu ce samedi 23 septembre. Certaines mesures s'appliquent donc immédiatement, comme le barème des indemnités prud'homales ou la réforme du télétravail, tandis que d'autres, comme la fusion des instances représentatives du personnel, nécessiteront des décrets d'application, qui seront publiés d'ici au 31 décembre. Et le timing de cette publication n'a évidemment rien d'anodin.
Elle survient en effet le jour-même de la manifestation parisienne contre cette réforme du marché du travail, et plus globalement la politique d'Emmanuel Macron et le "coup d'État social", à l'appel de la France insoumise. Une manif attendue comme l'apogée de la contestation, après deux premières journées de mobilisation en demie-teinte, à l'appel d'organisations syndicales (CGT/FSU/Solidaires/UNEF), les 12 et 21 septembre. Le message est donc très clair : manifestez tant que vous voulez, la réforme est déjà passée.
Auprès du Lab, l'Élysée explique cependant que la publication des ordonnances "n'a pas été avancée ou reculée". "Une fois un texte signé par le Président, il est transmis au secrétariat général du gouvernement et ensuite le délai de publication ne dépend plus de nous. Il varie de 24 heures à quelques jours", fait-on valoir, ajoutant qu'"en l'occurence, le cabinet de Muriel Pénicaud a fait transmettre au plus vite les textes signés". Cet heureux *hasard de calendrier* ne serait donc pas du fait de la Présidence...
Il est toutefois vrai que d'après les indications d'une source élyséenne à LCI vendredi, on pouvait s'attendre à une publication au JO dans le courant du week-end :
"D'ici lundi" >>> ne veut pas dire lundi (pas de JO le lundi... Enfin en principe) https://t.co/ohZ2Izhhlm
— Florence Mehrez (@florencemehrez) 22 septembre 2017
Quoi qu'il en soit, si Jean-Luc Mélenchon est parvenu à se poser en opposant numéro 1 au gouvernement, le chef de l'État de son côté n'entend pas lui céder un pouce de terrain ni reculer sur le fond de sa réforme, lui qui estime que "jamais une réforme [du marché du travail] d'une telle ampleur n'a été faite depuis le début de la Ve République". Et le storytelling de cette confrontation "Mélenchon le révolté" VS "Macron l'inflexible", qui ne pourra qu'être renforcée par cette journée de samedi, sert les intérêts des deux hommes, qui voient ainsi leurs positionnements politiques respectifs et leur duel à distance réaffirmés.