Internet raffole des archives. Un tweet pro-Maduro publié par Jean-Luc Mélenchon en 2013 a refait surface après la nouvelle vague de violences survenue dimanche 30 juillet au Venezuela. La publication a été déterrée notamment par la députée La République en marche (LREM) Aurore Bergé.
Monsieur Melenchon, avec plus de 115 civils tués, l'union bolivarienne et Maduro sont toujours des sources d'inspiration ?! #Venezuelapic.twitter.com/2dkNqz9ANG
— Aurore Bergé (@auroreberge) July 30, 2017
Quatre ans plus tard, ces positions semblent plus difficilement défendables. Alexis Corbière, député La France insoumise (LFI), se lance tout de même dans l’exercice, ce mercredi 2 août sur RFI. Tout en se disant "inquiet", le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon dénonce la "désinformation totale" de certains médias sur la situation vénézuélienne :
"Il y a une situation de tension dont on peut parler aujourd’hui, d’une violence dans la rue y compris d’une opposition violente. Le régime est dans un monde de durcissement, mais l’opposition, elle est armée. On dit qu’il y a une centaine de morts. Mais il y a deux députés pro-chavistes qui ont été assassinés l’autre jour. Vous avez des gens, c’est souvent très sociologiquement ciblé, des beaux quartiers qui se mobilisent contre le gouvernement et des quartiers populaires qui se mobilisent pour le gouvernement. C’est même un côté racial : souvent, les gens de couleur sont des quartiers populaires et les blancs sont des quartiers bourgeois. Vous avez beaucoup de crimes racistes qui ont lieu actuellement, souvent des gens sont brûlés. Il y a une situation de tension. Moi, je suis inquiet. Le pays est en train de se casser en deux. Mais enfin, il y a eu six ou sept millions de gens qui ont participé à une élection de l’opposition, il y en a huit qui ont participé ces derniers jours à l’Assemblée de la Constituante. Quand on voit de France, franchement, il y a parfois une désinformation totale. On a l’impression que tout un peuple est dressé contre le gouvernement. C’est plus compliqué que ça.
"
Même son de cloche chez Éric Coquerel, député LFI interrogé ce mercredi sur CNews :
"Je crois qu'il faut arrêter avec le manichéisme présenté sur tous les médias aujourd'hui. Une partie de l'opposition, celle très à droite et d'extrême droite qui, depuis l'élection de Maduro et même avant Chavez, n'a jamais admis que Maduro était élu [...]. Et depuis, une partie de cette opposition a des formes insurrectionnelles. Est-ce que c'est normal que des policiers vénézuéliens soient attaqués à l'acide ? [...] Je vous rappelle que ce week-end, le plus grand nombre de tués c'est des policiers et un candidat chaviste. On a aussi une opposition qui, comme par hasard parce que le racisme existe beaucoup dans ces pays-là, s'en prend principalement aux noirs. En tout cas, [Nicolas Maduro] a été élu. C'est pas une dictature. Alors on peut juger de la manière dont se fait la répression, on peut juger de la manière dont il essaie de sortir de l'ornière. Je pense qu'il y a des pousse-à-l'affrontement des deux côtés. [...] La solution doit être politique.
"
Mardi sur RTL, le député LFI Adrien Quatennens s’était montré plus prudent, insistant sur le contexte dans lequel le tweet de Jean-Luc Mélenchon avait été rédigé :
"À l'époque où l'on faisait l'éloge du Venezuela, il y avait une situation économique qui était beaucoup plus florissante qu'aujourd'hui. Il y a une politique redistributive très forte, le Venezuela a sorti beaucoup de gens de la pauvreté et cela nous inspirait.
"
La diplomatie française est restée pour le moment étonnamment silencieuse dans cette crise. Un silence que Stéphane Le Foll juge "assez problématique" .
Mardi tôt, des agents des services de renseignements du Venezuela, le Sebin, ont arrêté deux des principaux opposants, Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma, qui étaient tous deux assignés à domicile. L'Union européenne a condamné ces arrestations, estimant qu'il s'agissait d'un "pas dans la mauvaise direction" et réitérant son appel à une "désescalade des tensions".
Lundi, les États-Unis ont imposé des sanctions juridiques et financières sans précédent contre le président vénézuélien qualifié de "dictateur", en réponse à l'élection dans le sang dimanche d'une Assemblée constituante. "Je n'obéis pas aux ordres impérialistes, je n'obéis pas aux gouvernements étrangers, je suis un président libre", a rejeté Nicolas Maduro lundi soir.
[EDIT 10h03] ajout propos Éric Coquerel sur CNews.