Les étonnantes justifications de Bruno Le Roux et Michel Sapin sur l’âge de la classe politique française

Publié à 11h09, le 21 décembre 2015 , Modifié à 11h45, le 21 décembre 2015

Les étonnantes justifications de Bruno Le Roux et Michel Sapin sur l’âge de la classe politique française
© Captures d'écran Europe 1 et France Inter

Ça n’aura pas échappé à grand-monde : les élections espagnoles qui se sont tenues dimanche 20 décembre ont toutes les chances de refaçonner le paysage politique de notre voisin ibérique. Par le programme des partis qui sont venus bousculer quelques habitudes bien ancrées, d’abord, mais aussi par l’âge des nouveaux leaders politiques. Parmi les quatre leaders arrivés en tête, seul Mariano Rajoy, président du gouvernement sortant, affiche plus de 45 ans au compteur. Forcément, le phénomène est regardé de près de l’autre côté des Pyrénées. Enfin, pas au point de se remettre profondément en question sur l’âge des politiques français (près de 60 ans à l’Assemblée nationale, par exemple).

Ce qui peut donner des explications un peu confuses et attendues sur la différence entre l’Espagne et la France.

  • "C’est parce qu’on se sacrifie"

Proposé par Michel Sapin, lundi 21 décembre sur France Inter. Face au succès de Pablo Iglesias (Podemos), 37 ans, ou d’Albert Rivera (Ciudadanos), 36 ans, le boss de Bercy explique que, lui aussi, il a été élu jeune, "à peine 40 ans". Et que ça n’aurait quand même pas été très poli de passer comme ça aux responsabilités politiques et de s’en aller ensuite comme un vaurien : "Si (les élus) s’intéressent à la chose et que les électeurs leur font confiance, on n’est pas là pour passer quelques années, en considérant qu’on vient donner l’aumône au peuple avant de repartir vers je ne sais quelle profession. On peut aussi être animé par l’envie de servir l’intérêt général pendant une bonne partie de sa vie."

C’est vrai, ça : qui pourrait croire qu’après 34 ans au service de la France, Michel Sapin (élu député en 1981) pourrait avoir voulu une seule seconde faire l’aumône auprès de ses électeurs ? Tout ça ne le rapprochera pas d'Emmanuel Macron. On s'en souvient, l'autre patron de Bercy avait récemment déclaré qu'il ne resterait certainement pas 30 ans en politique.

  • "Les femmes et les enfants d’abord"

Du même Sapin, toujours sur Inter. Interrogé sur la composition très *djeun’s* (et féminine) du plateau de télé dimanche soir pour commenter les résultats des élections espagnoles, le ministre dégaine l’argument ultime : "C'était très difficile de faire un commentaire politique à ce moment-là (ndlr, la droite classique est arrivée en tête mais ne pourra pas gouverner toute seule). Dans ces cas-là, on envoie les femmes et les jeunes, et les caciques, ils restent en dehors et faisaient les comptes". Parce que, pardonnez-lui de le dire, l’Espagne est "ingouvernable" et il faudra travailler pour surmonter les divisions.

Bref, aux jeunes la responsabilité de commenter des choses "incommentables", aux ténors expérimentés celle de commencer à bosser sur les fusions possibles pour un futur gouvernement.

  • "Et mon Fabius, il est pas bien mon Fabius ?"

Lundi sur Europe 1, Bruno Le Roux a cité le rôle de Laurent Fabius dans "la réussite de la Cop 21" pour dire que, bon, finalement, l’âge, ça n’avait finalement pas tant d’incidence sur la compétence : "Pour une question d’âge et de durée dans la politique, on dirait que finalement, ce qu’il a fait, ce n’est pas bien ?" Pas question, estime le député de la Seine-Saint-Denis, qui admet quand même qu’il était au collège quand le ministre des Affaires étrangères faisait, en 1977, ses débuts en politique. Ce qui ne rajeunit personne.

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