De Montebourg à Le Pen : la séquence de name-dropping de Nicolas Dupont-Aignan pour montrer qu’il n’est pas seul

Publié à 10h05, le 28 juin 2016 , Modifié à 10h09, le 28 juin 2016

De Montebourg à Le Pen : la séquence de name-dropping de Nicolas Dupont-Aignan pour montrer qu’il n’est pas seul
© PIERRE VERDY / AFP

Nicolas Dupont-Aignan a beau clamer qu’il a recueilli près d’un million de voix aux dernières élections régionales (ce qui est tout à fait exagéré), il n’en reste pas moins isolé sur l’échiquier politique. Debout la France, dont il est le fondateur et seul représentant médiatisé, est très peu représenté (1 seul député, 6 conseillers départementaux et 60 maires, mais aucun conseiller régional ni sénateur). Malgré cela, le maire de Yerres espère toujours un "rassemblement patriotique" autour de sa candidature à la présidentielle, qui le qualifiera au second tour en 2017 .

Et pour rassembler, Nicolas Dupont-Aignan doit démontrer qu’il n’est pas seul. C’est ce qu’il s’est évertué à faire ce 28 juin sur Radio classique et Paris Première, à travers une séquence de name-dropping "extravagante" (pour reprendre ses éléments de langage), allant d’Arnaud Montebourg à Marine Le Pen en passant par Laurent Wauquiez.

Le député de l’Essonne commence par demander un référendum, non pas sur un "Frexit", une sortie française de l’Union européenne, mais sur un nouveau traité, dans lequel il proposera tout simplement de supprimer la commission européenne. Cela semble *un tout petit peu* compliqué ? Ce n’est pas grave. L’important, c’est que plusieurs élus LR comme Henri Guaino, candidat à la primaire, et Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et "beaucoup d’autres" sont d’accord avec lui :

 

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- Nicolas Dupont-Aignan : Bien évidemment qu’il faudra un référendum. [...] Je propose un nouveau traité, que j’ai écrit et publié avant le Brexit, qui est un traité pour une Europe des nations et des projets. C’est-à-dire : on rend aux nations leurs frontières, leurs projets, leurs lois. On supprime la commission de Bruxelles, d’ailleurs je suis pas le seul : Henri Guaino, Wauquiez, beaucoup d’autres le proposent aussi. Et on met en place des coopérations à la carte, à 4 ou 5 pays, sur des projets concrets. C’est la belle Europe qui a marché. [...] On défait ce qui ne marche pas, et on reconstruit ce qui marche.



- Guillaume Durand : Mais M. Dupont-Aignan, on ne peut pas défaire la commission européenne comme ça…



- Nicolas Dupont-Aignan : Bah pourquoi ? Les peuples sont souverains. Je serai candidat à la présidentielle pour proposer la seule Europe qui a marché : l’Europe sur des petits comités, l’Europe sur des projets concrets et l’Europe qui laisse vivre les Etats loin de la démocratie.

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On n’en saura donc pas davantage sur la façon dont Nicolas Dupont-Aignan compte "défaire" la commission européenne.

Alors, la séquence de name-dropping se poursuit. L’intervieweur Guillaume Durand imagine un scénario qui va même plus loin que ce qu’espère Nicolas Dupont-Aignan (être qualifié pour le second tour) : l’accession à l’Elysée du président de Debout la France. Quelle relation entretiendra-t-il avec l’Allemagne d’Angela Merkel ?

 

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- Nicolas Dupont-Aignan : Il y a un changement majeur qui va se passer : c’est qu’avec moi ou avec d’autres, Mme Merkel ne sera plus la patronne de l’Europe.



- Guillaume Durand : Quand elle va vous voir, elle va s’incliner ? Alors qu’elle a connu Nicolas Sarkozy, François Hollande…



- Nicolas Dupont-Aignan : Eh oui elle a connu des gens faibles qui ont trahi leur pays à plusieurs reprises et il serait temps que la France se relève.

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Le journaliste souligne alors que Nicolas Dupont-Aignan, avec cette affirmation, marche sur les terres du Front national. Ce qui ne le dérange pas : la preuve, c’est qu’Arnaud Montebourg, ancien ministre PS du Redressement productif, et Jean-Pierre Chevènement (MRC) pensent comme lui :

 

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- Nicolas Dupont-Aignan : Et alors ? Je suis sur les positions d’un patriote.



- Guillaume Durand : Marine Le Pen disait que la France était la sous-préfecture de l’Allemagne.



- Nicolas Dupont-Aignan : C’est la réalité. Si vous voulez laisser à Mme Le Pen le monopole de la vérité sur ce point-là, continuez comme ça. Moi je ne veux pas de Mme Le Pen au pouvoir. Je veux des gens raisonnables avec un programme économique solide qui reprennent en main les affaires du pays. Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de dire ce que M. Montebourg dit depuis des années, ce que M. Chevènement dit, ce que je dis, ce que Mme et Le Pen dit : la France est devenu un Land allemand et ça, ce n’est pas tolérable.

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Voilà donc la démonstration par Nicolas Dupont-Aignan que Nicolas Dupont-Aignan n’est pas seul : des personnalités de gauche (il aurait pu citer également Jean-Luc Mélenchon), de droite comme d’extrême droite partagent ses positions sur l’Union européenne. Et donc qu'il n'a pas complètement tort.

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