Les candidats à la présidentielle ou leurs représentants ont tous défilé devant plusieurs centaines d’élus de l’Association des maires de France (AMF) ce mercredi 22 mars. Même s’il s’est dit un "un peu intimidé" au début de son intervention et "pas habitué à parler devant autant de cravates", le candidat du NPA Philippe Poutou a fait le show pendant quelques minutes.
Cet ouvrier à l’usine Ford de Blanquefort, en Gironde, "menacée de fermeture depuis plusieurs années", a-t-il précisé, a notamment évoqué ses difficiles relations avec le maire LR de Bordeaux Alain Juppé. Il a déclaré :
"J’ai une expérience pas terrible concernant mon rapport avec les maires et la mairie. J’ai essayé d’être maire de Bordeaux, c’était en 2014, j’ai fait 2 % je crois à peu près, voilà, je n’ai pas réussi. Alain Juppé, c’est donc mon maire, je réside à Bordeaux, mais c’est vrai qu’on ne s’entend pas bien avec Alain Juppé (rires dans la salle). On s’était croisés il n’y a pas longtemps, il y a trois jours exactement puisqu’on est mobilisés à l’usine Ford où je travaille. Il fait partie des pouvoirs publics et des personnes politiques importants de la région. Il y avait une discussion à la Préfecture avec la direction de Ford Europe et Monsieur Alain Juppé n’a pas voulu me serrer la main ni au début ni à la fin. Il a un peu de raisons. Il m’a encore dit que je lui ai dit des choses pas sympas. Dans un débat, récemment, je lui avais rappelé son passé judiciaire et il ne l’a jamais accepté. Donc du coup il ne me serre plus la main mais je lui envoie quand même le bonjour (rires dans la salle).
"
Ou comment se mettre une partie de la salle dans sa poche avec cette anecdote. Un peu plus tôt, un autre candidat, Emmanuel Macron, avait été sifflé lorsqu'il avait évoqué sa proposition d’exonérer 80 % des ménages de la taxe d’habitation. L'AMF est présidée par le sénateur et maire LR de Troyes François Baroin, responsable du "rassemblement politique" dans la campagne de François Fillon.
[BONUS TRACK] Poutou veut une "autonomie réelle" des collectivités territoriales situées outre-mer
Interrogé par le président de l’Association des maires du département de La Réunion sur les collectivités territoriales situées outre-mer, Philippe Poutou a plaidé pour "une émancipation", un "droit à disposer d’eux-mêmes car c’est quand même les restes des colonies". Il a expliqué :
"Il y a la question des moyens, c’est sûr, mais aussi la question de l’autodétermination et la possibilité, mais comme partout, que la population puisse décider par elle-même. Donc c’est mettre en place une autonomie réelle de pouvoir décider surtout quand c’est très loin de la métropole.
"
Les "principes fondateurs" du NPA évoquaient déjà ce sujet : "Le socialisme est nécessairement internationaliste. Il implique la fin des rapports d'exploitation et de subordination impérialistes, tels que la France néocoloniale les maintient en Afrique, en Outre-mer et ailleurs. Il reconnaît le droit à l’autodétermination des peuples, comme à la souveraineté alimentaire, à l’accès à l’eau, c’est-à-dire le droit de chaque peuple de décider lui-même de son avenir, et soutient les luttes de libération nationale des peuples opprimés, à commencer par ceux des dernières colonies françaises".