"Voyou" et menace de plainte en diffamation : altercation dans les coulisses de BFMTV entre René Dosière et Marine Le Pen

Publié à 09h33, le 23 mars 2017 , Modifié à 10h07, le 23 mars 2017

"Voyou" et menace de plainte en diffamation : altercation dans les coulisses de BFMTV entre René Dosière et Marine Le Pen
René Dosière et Marine Le Pen © Montage le Lab.

Ambiance bien tendue ce jeudi 23 mars dans les coulisses de RMC/BFM TV. La chaîne recevait le député apparenté PS et scrutateur des dépenses de l'État René Dosière quelques minutes avant d’accueillir la candidate FN à la présidentielle Marine Le Pen. Et le ton est monté entre les deux élus dans les loges.

"Je l’ai croisée au maquillage", raconte au Lab René Dosière. Avant d’ajouter :

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Quand elle est sortie, elle m’a traité de voyou et m’a dit qu’elle m’attaquerait en diffamation.

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En cause ? L’interview du député ex-soutien de Manuel Valls sur RMC dans laquelle il s’attaque à Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen. "Madame Le Pen croule sous l’argent public par le biais de son micro-parti : c’est un scandale, un vol", a-t-il dénoncé à l’antenne avant de développer auprès du Lab :

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Le vrai problème, au-delà de l’affaire des emplois fictifs au Parlement européen, c’est la manière dont son micro-parti finance les campagnes du Front national et récupère des millions. Il y a une enquête sur les départementales 2011 et les législatives 2012 avec des dizaines de mis en examen renvoyés en correctionnelle. Depuis, le système a continué.

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Interrogée par Jean-Jacques Bourdin, Marine Le Pen a réitéré ses propos à l’antenne. "Vous ne croyez pas que ça nous fait mal nous de nous voir insulter, diffamer en permanence ?" a lancé la candidate FN à l’Elysée. Et de poursuivre :

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Ce matin, sur RMC, monsieur Dosière m’a diffamée gravement, il a eu un comportement de voyou. Vous ne croyez pas que nous aussi on trouve ça insupportable de voir la différence de traitement entre les candidats et monsieur Macron ?

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Spécialiste de la gestion des finances publiques, notamment avec ses rapports sur les dépenses de l’Elysée, René Dosière ne semble pas particulièrement perturbé par les menaces de Marine Le Pen. "Ça ne m’inquiète pas du tout", sourit-il auprès du Lab.

Car la pression judiciaire s'accentue autour de Marine Le Pen. Fin février, l'un de ses proches, Frédéric Chatillon, a été mis en examen dans une des enquêtes sur le financement des campagnes électorales du Front national. Les juges d'instruction, saisis fin octobre, soupçonnent sa société Riwal, longtemps prestataire principal de la communication électorale frontiste, d'avoir accordé un crédit au FN via Jeanne, ce mouvement satellite du parti d'extrême droite, selon une source proche de l'enquête. Or, les personnes morales n'ont pas le droit de contribuer au financement des partis politiques. Frédéric Chatillon a déjà été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour répondre du financement de la campagne des législatives de 2012 avec notamment le FN et deux de ses dirigeants, Wallerand de Saint Just et Jean-François Jalkh.

Dans cette affaire appelée à être jugée, le parti est soupçonné d'avoir mis en place, via des kits de campagne fabriqués par Riwal, une escroquerie au préjudice de l'Etat, qui rembourse les frais de campagne, et ce par le biais notamment de surfacturations. L'enquête a mis en lumière la "confusion" entre Riwal et Jeanne, dont le dirigeant de fait n'est autre que Frédéric Chatillon, selon les juges. A leurs yeux, le micro-parti ne serait qu'une coquille vide pour masquer un financement des campagnes par une société commerciale, Riwal.

Une autre enquête, encore au stade préliminaire, a été ouverte début novembre concernant les régionales de 2015.

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