Dans la ville de Béziers qu'il dirige, Robert Ménard a expliqué, le 4 mai, lister les enfants en fonction de leur prénom pour connaître leurs origines et leurs religions. Une initiative qui a fait beaucoup réagir, notamment à gauche.
Le premier à réagir est Sébastien Denaja, député PS de l'Hérault, qui, via Twitter, a demandé l'ouverture d'une enquête par le procureur et a dénoncé des méthodes "pétainistes":
Le procureur de Beziers doit ouvrir 1 enquête après les déclarations de R. Ménard s/ le fichage des enfants selon leur confession @Midilibre
— DenajaSébastien (@SebastienDenaja) May 5, 2015
Ficher des enfants selon leur confession religieuse c'est renouer avec les pires heures du régime de Vichy et du pétainisme ! #Beziers
— DenajaSébastien (@SebastienDenaja) May 5, 2015
Dans la même ligne, Karine Berger, députée des Hautes-Alpes, affirme que les propos du fondateur de Reporters sans Frontières "relèvent de la justice" :
Les déclarations de Robert Ménard sur un fichage par sa mairie des personnes relèvent de la justice. Une injure infinie à la République.
— Karine Berger (@Karine_Berger) May 5, 2015
Membre du Conseil national du PS, Mehdi Ouraoui, va plus loin en affirmant avoir saisi la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) et le Défenseur des Droits, Jacques Toubon, contre "le fichage illégal d'enfants musulmans".
Avec @NaimaCharai nous saisissons @CNIL et @Defenseurdroits contre le fichage illégal d'enfants "musulmans" par Ménard à Béziers. Honte !
— Mehdi Ouraoui (@mehdiouraoui) May 5, 2015
Pour le député PS, Pascal Cherki, Robert Ménard est un "délinquant" :
Robert Ménard fiche illégalement les enfants musulmans dans les écoles de sa ville en violation de l'art 226-16 du code pénal. Un délinquant
— Pascal Cherki (@pascalcherki) May 5, 2015
Pouria Amirshahi a été le plus violent dans ses propos envers le maire de Béziers :
Comme les Nazis avant 1933, @RobertMenardFR organise le fichage. Que le sable lui recouvre la tête et étouffe la honte qu'il nous transmet.
— Pouria Amirshahi (@PouriaAmirshahi) May 5, 2015
Selon le Code pénal, ce genre de pratiques, si elles sont "informatisées", sont passibles de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 Euros d'amende.
Suite à ces demandes, le parquet de Béziers a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire pour "fichage illégal", selon les informations de RTL.
De son côté, la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a dénoncé le lien entre Robert Ménard et le Front national, qui a soutenu sa candidature en 2014. Invitée sur Europe 1, elle explique :
"Non, ce n'est pas normal mais c'est, d'une certaine façon, le vrai visage du Front national qui remonte à la surface. Il faut regarder en effet si on peut l'empêcher de le faire. Moi, je découvre cette information. [...] Je crois qu'une fois de plus, il ne faut pas se leurrer, le FN n'a pas changé.
"
Après Najat Vallaud-Belkacem, c'est Christiane Taubira qui a réagi sur Twitter en affirmant que "l'esprit de 1939 est de retour" :
L'esprit de 1939 est de retour, les mêmes vieux démons et ces balafres faites à la République. La même lâcheté sur des enfants. #Béziers ChT
— Christiane Taubira (@ChTaubira) May 5, 2015
Bernard Cazeneuve a considéré, auprès de l'AFP, que Robert Ménard "a franchi une ligne jaune et se place délibérément en dehors des valeurs de la République". Il dit également :
"Un tel fichage est interdit par la loi. Ficher des enfants selon leur religion, c'est renvoyer aux heures les plus sombres de notre histoire.
"
Enfin, c'est le Premier ministre Manuel Valls qui s'est également exprimé, via Twitter, sur le sujet en affirmant que "la République ne fait aucune distinction parmi ses enfants" :
Honte au Maire de Béziers. La République ne fait AUCUNE distinction parmi ses enfants. MV
— Manuel Valls (@manuelvalls) May 5, 2015
Même François Hollande s'est exprimé depuis Ryad en Arabie Saoudite pour affirmer que "le fichage d'élèves" est "contraire à toutes les valeurs de la République".
Il n'y a pas qu'à gauche que le fichage des enfants a fait réagir. Le député UMP Gérald Darmanin évoque son deuxième prénom, Moussa, pour demander à Roberd Ménard s'il aurait été fiché dans la ville de Béziers :
Par mon grand-père Harki, mon deuxième prénom est Moussa. Enfant dans votre ville aurais-je été fiché @RobertMenardFR ? #FN#scandaleux
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 5, 2015
Alain Juppé a également tenu à "s'indigner" devant le fait que "le maire [de Béziers] trie les enfants musulmans" :
A Béziers le maire trie les enfants musulmans.S'indigner bien sur. Mais surtout faire respecter nos lois qui prohibent les discriminations.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 5 Mai 2015
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