INDÉCENCE - Où l'on reparle, sur BFMTV et RMC, de la progression parallèle de Daech et du Front national. Invité ce jeudi 17 décembre de Jean-Jacques Bourdin, François Bayrou met lui-même les pieds dans le plat en évoquant la publication par Marine Le Pen, la veille, de photos d'exécutions menées par l'organisation terroriste .
"C'est de l'indécence", commente le président du MoDem avant d'essayer de trouver un début d'explication. Pour lui, c'est simple : la cheffe du Front national a grillé un ou deux fusibles.
Il dit :
"Je pense que Marine Le Pen est prise dans ce moment de la politique où la passion l'emporte sur toute autre chose, le sentiment d'être assiégé. Elle pète les plombs, comme on dit. Ou son entourage. Ou ceux qui sont avec elles.
"
Très vite, François Bayrou parle du fond, de ce "repli communautaire" évoqué par le politologue Gilles Kepel face à Jean-Jacques Bourdin mercredi et que Marine Le Pen a totalement occulté en diffusant des photos d'exactions.
"Chaque fois qu'une société a choisi de cibler les autres parce qu'ils ne pensaient pas comme vous, qu'ils ne croyaient pas comme vous, que simplement ils sont différents de vous par la couleur de la peau, par l'origine ou par, je ne sais pas, leur langage et leur foi, chaque fois, ça a fait des malheurs. Et pas des petits malheurs. D'énormes, immenses, désastreux et définitifs malheurs", estime François Bayrou.
Il ajoute :
"Ce n'est pas seulement que ça chauffe : ça bout dans la société française. Eh bien, il faut des gens qui aient la tête assez équilibrée pour dire : 'ce n'est pas le chemin'.
"
Et, dans l'esprit de François Bayrou, Marine Le Pen, qui "affiche ces photos comme des arguments électoraux", ne peut pas tenir ce rôle. Évidemment.
Mercredi après-midi, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire pour "diffusion d'images violentes" après les tweets de Marine Le Pen et Gilbert Collard, le député RBM ayant lui aussi publié une photo de cadavre sur Twitter. Les deux entendaient ainsi protester contre Jean-Jacques Bourdin, qu'ils accusaient d'avoir assimilé le FN à Daech.
Durant les questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, dans l'après-midi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé avoir signalé ces photos aux services concernés et évoqué des "suites" .
Mercredi, face au politologue Gilles Kepel, Jean-Jacques Bourdin avait évoqué les "liens pas directs entre Daech et le Front national mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté d'esprit".