Gilbert Collard admet que les attentats du 13 novembre n'auraient pas pu être évités (soit tout le contraire de ce que dit le FN depuis des mois)

Publié à 10h31, le 07 juillet 2016 , Modifié à 10h31, le 07 juillet 2016

Gilbert Collard admet que les attentats du 13 novembre n'auraient pas pu être évités (soit tout le contraire de ce que dit le FN depuis des mois)
Gilbert Collard © iTÉLÉ

C'est écrit : les attaques terroristes perpétrées à Paris et Saint-Denis le 13 novembre n'auraient pas pu être évitées. C'est ce qu'il ressort de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats perpétrés en France en 2015. "L'attaque du Bataclan n’aurait pas pu être évitée" , a ainsi estimé le rapporteur de la commission, le député PS Sébastien Pietrasanta. Contrecarrer les attaques aurait supposé que les magistrats instructeurs et les agents des services de renseignement aient gardé, personnellement, en mémoire toutes les cibles mentionnées par les terroristes lors de leurs auditions."

Eh bien croyez-le ou non mais Gilbert Collard est tout à fait d'accord avec cette idée. Invité d'iTÉLÉ ce jeudi 7 juillet, le député RMB du Gard revient sur le rapport de la commission d'enquête. Il dit :

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Mais bien évidemment qu'on n'aurait pas pu l'éviter [l'attaque du Bataclan]. Mais on aurait pu agir plus rapidement, avoir moins de désordre, avec des tirs plus précis parce que les policiers auraient dû – ce n'est pas leur faute – avoir le moyen de s'entraîner. Or il ressort que, malheureusement, ils n'ont pas les moyens de s'entraîner comme il se doit dans une période où il faut pouvoir tirer et savoir bien tirer. Donc c'est catastrophique de voir qu'on ne leur a pas donné les moyens de s'entraîner alors qu'on savait que la menace allait frapper, et qu'on nous dit qu'elle va encore frapper.

 

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S'il estime qu'il y aurait pu avoir un meilleur travail d'"anticipation", Gilbert Collard admet donc que l'attaque n'aurait pas pu être évitée. Soit l'exact contraire de ce que déclare le FN depuis novembre dernier et notamment sa collègue de l'Assemblée nationale, Marion Maréchal-Le Pen.

En mars, après l'arrestation de Salah Abdelslam, la députée FN du Vaucluse avait estimé que si le FN avait été au pouvoir, les attentats du 13 novembre n'auraient "probablement" pas eu lieu . "Si les mesures du Front national avaient été mises en place au moment des attentats du 13 novembre [avant les attentats, ndlr], il n'y aurait probablement pas eu de 13 novembre", avait-elle déclaré sur BFMTV, expliquant notamment que la plupart des terroristes "auraient été derrière les barreaux".

Florian Philippot avait, quant à lui, été un peu plus mesuré, reconnaissant qu'on ne pouvait pas être "certain" que, le FN au pouvoir, les attentats du 13 novembre auraient été empêchés. "Tout aurait été fait pour qu'il n'y ait pas d'attentat", avait-il dit sur LCI.

Marine Le Pen, elle, avait profité des attaques pour, dès le 14 novembre, promouvoir des axes de son programme comme "la maîtrise des frontières nationales, la fermeture des mosquées radicales ou la déchéance de nationalité des binationaux". Et on ne parle pas des réactions de Nicolas Bay, Louis Aliot et… Gilbert Collard, vilipendant le gouvernement alors même que la prise d’otage était toujours en court au Bataclan. 

À chaud, Gilbert Collard était vraiment très remonté contre le pouvoir en place, qu'il accusait d'avoir "abandonné" la France. À froid, s'il estime que des choses doivent être améliorées, il est tout de même moins revendicatif. Ce qui ne l'empêche pas de formuler des propositions, comme ce jeudi sur iTÉLÉ. Sauf que ses propositions semblent inefficaces au regard des faits. Ce qui débouche sur un échange surprenant au cours duquel Gilbert Collard, après avoir contredit certains cadres du FN sur les attentats du 13 novembre, se fait sérieusement contredire par la journaliste d'iTÉLÉ. Celle-ci démontre par a+b que les mesures prônées par l'élu RBM n'auraient pas brillé par leur efficacité le 13 novembre.

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-          Amandine Begot : C'est quoi la solution ? Vous ? Fermer les frontières ? On voit que ça ne réglera pas le problème : Salah Abdeslam a pu passer en Belgique. Il y aurait eu des frontières, ça aurait été la même chose. Personne ne savait qu'il était fiché.



-          Gibert Collard : Non, s'il y avait eu des frontières européennes, non.



-          Amandine Begot : Mais si. S'il y avait eu des frontières entre la France et la Belgique, par exemple…



-          Gibert Collard : On l'aurait contrôlé…



-          Amandine Begot : Et on aurait vu qu'il n'avait pas de fiche pour terrorisme. La Belgique n'avait pas prévenu les autres partenaires…



-          Gilbert Collard : [bafouille]



-          Amandine Begot : Il aurait pu passer.



-          Gibert Collard : Vous touchez du doigt le drame de l'Europe. Voilà : on n'est même pas capable de faire ça.



-          Amandine Begot : Oui mais avec ce que vous proposez, ça n'aurait rien changé.



-          Gilbert Collard : Mais si !



-          Amandine Begot : Non.



-          Gilbert Collard : Si parce que peut-être de renforcer les contrôles aux frontières aurait créé une dynamique de contrôle. Quand on est dans le laxisme, il y a une onde de laxisme qui se répand.



-          Amandine Begot : Mais à partir du moment où il n'est pas fiché comme terroriste… Il était connu pour des petits actes de délinquance, un point c'est tout.



-          Gilbert Collard : Mais qui vous dit que s'il avait été contrôlé à la frontière, on n'aurait pas été attiré par son histoire judiciaire ?



-          Amandine Begot : Il a été contrôlé le matin du 14 novembre.



-          Gilbert Collard : Oui, oui, oui, mais dans un cadre qui n'était pas rigide. Pour le coup, parlons de rigidité [la référence est à voir ici, ndlr]. Faisons simple : il faut savoir ce qu'on veut, quoi. Ou on veut protéger le pays et on fait, avec un peu d'autorité, les contrôles qui s'imposent, ou on est dans une espèce de fluidité frontalière avec des frontières qui n'existent pas, des contrôles qui sont inopérants, et tant par le biais des migrants que la porosité de frontières, qu'on connaît, que nous avons dénoncée, au prix d'insultes. On a été traités de xénophobes, de rabougris, de repliés, tout ce qu'on veut, et pourtant c'est quand même par là que ça passe.

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Ou comment ressortir la carte victimaire dès que son argument semble invalide.

Du rab sur le Lab

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