ENSEMBLE, TOUT DEVIENT POSSIBLE - Comme prévu, l'ouverture du débat sur la révision constitutionnelle ne se fait pas dans la plus grande tranquilité, à l'Assemblée nationale vendredi 5 février. La question de la déchéance de nationalité fait toujours autant débat, que ce soit à gauche ou à droite. Mais c'est bien sur les bancs du PS, tiraillés entre les frondeurs et les légitimistes, que les esprits s'échauffent le plus.
Au cours de la discussion générale ce vendredi, le ton est franchement monté entre le président du groupe socialiste, Bruno Le Roux, et plusieurs élus de la majorité opposés à la déchéance. Alors que Patrick Mennucci annonçait que le groupe socialiste voterait la réforme, Benoît Hamon, Pascal Cherki ou encore Pouria Amirshahi ont protesté avec vigueur. Qu'on se le dise : eux socialistes, ils voteront contre. Voilà qui a eu le don d'énerver leur chef de file qui a ainsi proposé, avec force provocation, à Pascal Cherki de rejoindre les rangs de l'opposition :
Le Roux engueule les frondeurs en plein hémicycle. A Cherki : "Si tu veux allez là bas, tu vas là bas!" en désignant la droite #DirectAN
— Caroline Vigoureux (@CaroVigoureux) 5 Février 2016
Comme on peut le voir sur cette vidéo, un brouhaha certain se fait entendre sur les bancs de la gauche, entre la fin de l'intervention de Patrick Mennucci et le début de celle d'Éric Ciotti (LR), ce dernier indiquant ne pas vouloir "interférer dans les problèmes de la majorité" :
Vient ensuite la prise de parole de Nathalie Kosciusko-Morizet, elle aussi fermement opposée à la déchéance, mesure "dangeureuse et inutile" selon elle. La députée LR de l'Essonne, annonçant qu'elle voterait contre, a lancé à Manuel Valls :
"Monsieur le Premier ministre, cette révision est un naufrage, chaque initiative se retourne contre vous. Vous cherchiez à élargir vos soutiens, vous n'avez fait qu'en perdre. On retiendra de ces débats que l'habileté politique ne gagne pas à tous les coups.
"
Quelques minutes plus tard à la tribune, le socialiste Bernard Roman a lui aussi annoncé son intention de voter contre. Suite à quoi Pascal Cherki, prenant visiblement Bruno Le Roux au mot, a traversé l'hémicycle pour aller s'asseoir aux côtés de NKM, sur les bancs de la droite :
Cherki a été s'asseoir à côté de NKM (elle aussi contre le texte), prenant l'injonction de Bruno Le Roux à la lettre #DirectAN
— Caroline Vigoureux (@CaroVigoureux) 5 Février 2016
Ce qui a bien sûr fait réagir Bruno Le Roux :
— Bruno Le Roux (@BrunoLeRoux) 5 Février 2016
Tout va bien, donc.
Et ce n'est pas fini :
En marge du débat #decheance, Bruno Le Roux, furieux, éructe sur Cherki l'invitant à rejoindre les bancs des écologistes... Ambiance.
— emmanuel berretta (@Eberretta) 5 Février 2016
— Bruno Le Roux (@BrunoLeRoux) February 5, 2016
[Edit 18h40]
Interrogé plus tard par LCP, Pascal Cherki est revenu sur cette petite ballade à droite de l'hémicycle : "Nous sommes tous des députés, il n'y a aucune honte à aller discuter avec des collègues de l'opposition quand on partage des points-de vue. [...] Je vois pas pourquoi on discuterait pas." Mais aussi sur la colère de Bruno Le Roux à son égard :
"Je pense que Bruno est très fatigué parce que dans sa fidélité presque dévote au président de la République, il essaye de faire tout ce qu'il peut pour convaincre les députés très réticents de voter pour, voilà. Donc il est peut-être un peu fatigué. Je mets ça sur le compte de la fatigue. Je lui en veux pas plus que ça, c'est pas très grave.
"