IVG : La défense totalement bancale de Marion Maréchal-Le Pen par Gilbert Collard

Publié à 11h22, le 07 décembre 2016 , Modifié à 11h22, le 07 décembre 2016

IVG : La défense totalement bancale de Marion Maréchal-Le Pen par Gilbert Collard
Gilbert Collard © Capture d'écran BFTMV

Gilbert Collard est invité de BFMTV ce mercredi 7 décembre. Cela n'était pas prévu et Jean-Jacques Bourdin le reconnaît volontiers. Si le député RBM du Gard est reçu, c'est parce que sa voisine de l'Assemblée nationale, Marion Maréchal-Le Pen, a refusé l'invitation.

Le journaliste l'indique dès le début de l'entretien. "Elle était invitée vendredi", dit Jean-Jacques Bourdin. "Et tout à coup j'ai reçu un message hier [mardi] sur lequel [on peut lire] : 'non Marion [Maréchal-Le Pen] ne peut pas, ce n'est pas possible'", ajoute-t-il, expliquant que si la députée FN ne vient pas, c'est pour ne pas parler de l'IVG. Cela amuse beaucoup Gilbert Collard qui rétorque avec un bon goût somme toute relatif : "Si je comprends bien, son émission a avorté."

Malgré ce lapin, il est bien question de Marion Maréchal-Le Pen et d'IVG ce mercredi matin sur BFMTV. Le 5 décembre, dans le journal d'extrême droite Présent, l'élue FN a proposé une nouvelle fois de revenir sur le remboursement "intégral et illimité" de l’avortement . Une position contraire à celle de Marine Le Pen qui n'a de cesse, depuis des mois, de se présenter comme une candidate féministe. "Il n’y aura aucune modification, ni du périmètre, ni de l’accès, ni du remboursement de l’IVG", a d'ailleurs immédiatement précisé la présidente du FN après la dernière sortie de Marion Maréchal-Le Pen.

Ce mercredi sur BFMTV, Gilbert Collard reconnaît que la députée FN a, au sujet de l'IVG, une position contraire à celle du parti. Mais le député du Gard estime qu'elle a "le droit d'avoir une opinion". On ne saurait le contredire.

Pour défendre sa position, l'avocat dégaine alors un argument pour le moins alambiqué : la clause de conscience.

Voici l'échange :

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-          Gilbert Collard : Marion [Maréchal-Le Pen] tient sur l'avortement un propos qui n'est pas conforme au programme [du FN]. La question que l'on doit se poser est : 'est-ce qu'on a une clause de conscience ou pas ?' Vous êtes journaliste ? On le sait ça, on le reconnaît en plus. Vous savez ce que c'est la clause de conscience ?



-          Jean-Jacques Bourdin : Mais bien sûr.



-          Gilbert Collard : Il vous est arrivé de l'appliquer dans votre vie ou pas ?



-          Jean-Jacques Bourdin : Toujours.



-          Gilbert Collard : Bon voilà. Ça ne veut pas dire pour autant que vous êtes en guerre avec votre rédaction.



-          Jean-Jacques Bourdin : Non. Pas du tout.



-          Gilbert Collard : Alors sur des questions qui touchent à la conscience comme l'avortement, la peine de mort… on peut accepter le programme du parti et demander l'application de la clause de conscience sur tel ou tel point d'explication.



-          Jean-Jacques Bourdin : Oui mais Gilbert Collard, quand je fais jouer ma clause de conscience, je m'en vais.



-          Gibert Collard : Eh bien elle n'est pas venue !



-          Jean-Jacques Bourdin : Je quitte mon parti ou je quitte mon entreprise. Si je ne suis pas d'accord avec la ligne conduite par mon entreprise, je fais jouer ma clause de conscience et je quitte mon entreprise.



-          Gilbert Collard : Mais ce n'est pas la ligne…



-          Jean-Jacques Bourdin : Votre exemple me paraît incertain.



-          Gilbert Collard : Mon exemple est excellent. Mon exemple est excellent d'autant plus que tout à l'heure vous avez admis que vous aviez revendiqué à plusieurs reprises la clause de conscience et vous n'êtes pas parti pour autant.



-          Jean-Jacques Bourdin : J'ai une clause de conscience. Le jour où je fais jouer ma clause de conscience, je m'en vais.



-          Gilbert Collard : Mais vous n'êtes pas obligé de partir.

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De fait, l'argument du député RBM est plutôt bancal. En droit français, la clause de conscience donne le droit aux patriciens de la santé de refuser de pratiquer un acte contraire à leurs convictions personnelles. Elle permet également aux journalistes de démissionner tout en bénéficiant du régime juridique du licenciement. Il faut pour cela justifier d'une évolution significative de la ligne éditoriale de la publication.

Pour les journalistes, la clause de conscience entraîne donc bien une démission. Or Gilbert Collard fait expressément référence à la clause des journalistes.

Si l'on suit son raisonnement, Marion Maréchal-Le Pen devrait donc quitter le FN – ce qui ne sera évidemment pas le cas. Au contraire, le député du Gard assure que sa collègue de l'Assemblée va pleinement s'engager dans la campagne présidentielle de Marine Le Pen. Pour calmer les esprits, il faudra cependant éviter de parler de l'IVG. 

Du rab sur le Lab

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