[EDIT 15h12] Modification du titre, jusqu'ici : "Jean-Luc Mélenchon met en garde les journalistes : "la hargne contre les Insoumis pourrait inspirer des violents""
Les armes sont sorties. Qui les rangera en premier ?
La tension est à son comble entre certains journalistes et La France insoumise. Plusieurs événements peuvent expliquer cette escalade verbale : l'organisation d'une conférence au titre parfaitement provocateur lors des universités d'été de LFI : "Faut-il dégager les médias ?", la violence des propos de certains éditorialistes comme Éric Brunet, qualifiant les électeurs de Jean-Luc Mélenchon d'"abrutis" , l'attitude hostile de nombreux militants LFI à l'égard de certains médias, le Mélenchon-bashing observé dans C dans l'air le 1er septembre, Raquel Garrido posant une question à Édouard Philippe comme si son rôle politique ne comptait pas, etc.
Trop c'est trop. Jean-Luc Mélenchon prend la plume ce lundi 4 septembre sur son blog et tire à boulets rouges. "Eh beh monsieur Brunet ! Je suis tout espanté ! Abrutis ? Abrutis ? Carrément Brunet, là ! Allez, monsieur Brunet, c’est pas de votre faute ! C’est tous les autres qui vous ont fait boire tout ce fiel ! Et maintenant vous vous sentez tout bête, hein ! Allez monsieur Brunet, on vous comprend. On a bien vu. On le sait, monsieur Brunet : (presque) toute la scène médiatique est en proie à un stupéfiant délire contre les Insoumis", débute l'ancien candidat à la présidentielle.
Puis le leader de La France insoumise met en garde les journalistes : tout cela va mal finir. Il écrit :
"En fait, monsieur Brunet s’est laissé entraîner. Il a perdu son sang-froid. C’est un effet de foule. Dans une horde médiatique glapissante écumante de haine, il a été emporté ! Je suis prêt à comprendre et même à pardonner puisqu’on ne doit pas excuser de tels comportements. Mais je mets en garde solennellement : la hargne contre les insoumis et leurs porte-paroles pourraient un jour mal tourner et inspirer des violents. Je suppose que les plus orduriers diront alors que nous l’aurons bien cherché. Mais je crois connaître assez bien nombre de ceux qui nous attaquent, et en ont bien le droit, pour savoir que ce n’est pas ce que tous veulent. Alors je leur dis : pas comme ça, pas avec ces mots, pas avec cette violence.
"
Une mise en garde sans filtre, Jean-Luc Mélenchon annonçant que la violence pourrait, si personne ne stoppe l'escalade, s'exprimer autrement que par des mots, contre les Insoumis.
Éric Brunet n'est pas le seul à en prendre pour son grade. Le Monde est visé. Jean-Michel Aphatie aussi. "Seuls les trolls du FN font pire", écrit Jean-Luc Mélenchon pour dénoncer les critiques du journaliste de franceinfo sur les réseaux sociaux.
Mais Jean-Luc Mélenchon ne se contente pas de prévenir et de critiquer. Il propose aussi ses solutions qui, d'après lui, "déverrouilleront" le journalisme. "La première concerne la propriété des médias. Car l’ordre médiatique part du sommet sur lequel s’alignent tous les compartiments. Que 90% des médias soient possédés par 9 milliardaires est une situation malsaine et dangereuse. La seconde concerne le statut social des gens qui y travaillent. La précarité de la masse des personnels, leur surexploitation et les cadences infernales sont des encouragements matériels très forts à la servilité politique et à la "pensée en boucle", écrit-il.
Des idées déjà formulées par le passé, notamment durant la dernière campagne présidentielle, mais qui trouvent un nouvel écho en cette rentrée mouvementée.
[BONUS TRACK] Libre
Raquel Garrido est la cible de nombreuses critiques depuis que l'ancienne porte-parole de Jean-Luc Mélenchon a interrogé Edouard Philippe lors de la conférence de presse pour présenter le contenu des ordonnances visant à modifier le code du travail. La responsable LFI a questionné le Premier ministre en tant que chroniqueuse de l'émission Les terriens du dimanche , sur C8.
Raquel Garrido est la cible des critiques. Jean-Luc Mélenchon la défend. Il écrit :
"Raquel Garrido concentre leur haine de caste. D’abord parce que c’est une femme, donc les messieurs se lâchent plus facilement. Ensuite parce qu’elle a du talent. Ce qui risque de faire s’étioler quelques pots de fleurs des deux genres. De plus elle est cultivée. Elle parle aussi quatre langues, ce qui lui permet de boire d’autres potages informatifs que la seule soupe nationale. En outre, elle a une longue expérience de l’engagement intellectuel. Elle sait ordonner et exprimer un point de vue sans jargonner ou être pédante. Enfin elle est libre.
"
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