I'M DROITE AND I'M PROUD - Xavier Bertrand le dit haut et fort : il est de droite, fier de l'être, et il le reste. Qu'Emmanuel Macron le comprenne bien : son appel à voter pour lui au second tour de la présidentielle, pour "faire barrage à Marine Le Pen et l'extrême droite", ne s'apparente en rien à un abandon de ses convictions. Une manière, pour le président LR de la région Hauts-de-France, de signifier au leader d'En Marche ! que non, il ne quittera pas son parti pour rejoindre la "majorité présidentielle" que le favori de l'élection appelle de ses vœux.
Sur RTL Belgique vendredi 5 mai, au dernier jour de la campagne et à 48 heures du scrutin, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy répète d'abord, comme il l'avait fait dès le soir du premier tour :
"[Je voterai] pour monsieur Macron pour faire barrage à madame Le Pen, pour faire barrage à l'extrême droite. Je suis un homme de la droite et du centre, je resterai un homme de la droite et du centre. Mais je ne me pose pas plus de questions, je n'ai aucun état d'âme, je n'ai aucune hésitation, je voterai pour monsieur Macron.
"
Voilà qui n'appelle pas beaucoup plus de précisions. Un autre sujet, en revanche, mérite d'être éclairci par Xavier Bertrand : les rumeurs qui font état de ses contacts répétés avec Emmanuel Macron autour d'un possible ralliement plus net, voire d'une participation au gouvernement en cas de victoire dimanche. Car dès le 27 avril, l'ex-ministre de François Hollande avait vanté la "cohérence" d'un éventuel "large rassemblement", "de Jean-Yves Le Drian à Xavier Bertrand" et autour de sa personne. Un gros appel du pied réitéré jeudi 4 mai par le très macroniste député Christophe Castaner, selon qui "Xavier Bertrand a toute sa place dans une majorité présidentielle autour d'Emmanuel Macron".
"C'est en ce moment le feuilleton de toute la semaine", ironise sèchement l'intéressé ce vendredi, qui martèle : "C'est pas parce que je vote Macron que je change mes idées." Et Xavier Bertrand d'ajouter que, lui candidat aux régionales en décembre 2015 face à Marine Le Pen au second tour, il n'avait pas "demandé [aux électeurs de gauche] de cesser d'être de gauche" au moment où ils participaient au front républicain en sa faveur :
"Et d'ailleurs j'avais dit à monsieur Macron la semaine dernière, publiquement, la chose suivante : vous ne pouvez pas dire aux gens 'votez pour moi et disparaissez'. Est-ce que le clivage droite-gauche en France a vécu ? Ça ne peut pas être la grille de lecture de toute la société française. Et vous ne pouvez pas demander aux gens de voter pour vous et leur dire d'effacer leurs idées, d'effacer aussi leur histoire, leur construction, leurs valeurs, leurs références.
Je comprends mieux moi, je comprends mieux les électeurs de gauche quand, en décembre 2015, ils ont voté pour moi pour faire barrage au Front national. Je leur ai pas demandé de cesser d'être de gauche. J'ai respecté à la fois leurs idées, leurs références et leurs valeurs et je crois que c'est important que monsieur Macron l'ait bien en tête aussi.
"
Une sérieuse mise au point, donc. Même si dans le même temps, Xavier Bertrand ne rejette pas formellement l'idée de participer à un gouvernement sous la présidence Macron... mais seulement à ses conditions. Or de son côté, le leader d'En Marche ! a dit et répété qu'il ne travaillerait qu'avec des élus qui l'auraient rejoint assez tôt (avant le premier tour, en somme) et auraient rompu assez nettement avec leurs anciens partis. Autant d'éléments qui semblent disqualifier le patron des Hauts-de-France.