L'auto-appel au fact-checking de Geoffroy Didier

Publié à 09h01, le 11 novembre 2015 , Modifié à 09h05, le 11 novembre 2015

L'auto-appel au fact-checking de Geoffroy Didier
Geoffroy Didier © LIONEL BONAVENTURE / AFP

FACT-CHECK ME IF YOU CAN - "Lorsque je vois que dans les listes de monsieur Bartolone, au Parti socialiste, il y a quelqu'un qui, lui, veut légaliser le cannabis et dépénaliser les drogues dures, effecivement je suis inquiet et je me dis que la droite et la gauche ne véhiculent pas les mêmes valeurs." L'attaque est signée Geoffroy Didier, mercredi 11 novembre sur France Info. Pour le porte-parole de Valérie Pécresse, tête de liste LR-UDI-MoDem aux régionales en Île-de-France, il s'agit de vanter une proposition de sa candidate : instaurer des tests de dépistage salivaire du cannabis sur les lycéens (ce qui, au passage, n'est pas légalement applicable...).

Invité à préciser le nom du colistier du candidat PS ainsi visé, Geoffroy Didier s'y refuse... et invite les journalistes à vérifier ses propos. Il dit en effet :

 

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Ah bah vous regarderez et vous ferez le fact-checking, ça sera l'intox et la désintox du jour.

"

Ou quand un politique met le fact-checking au défi. Un peu maladroitement, il laisse au passage sous-entendre que ce qu'il dit est faux, puisqu'il parle "d'intox" et de "désintox"...

En réalité, le député LR vise ici Stéphane Gatignon, maire écologiste de Sevran (Seine-Saint-Denis). Ce dernier a rejoint "Écologistes !", la formation de Jean-Vincent Placé et François De Rugy. Il se trouve également en cinquième position sur la liste PS en Seine-Saint-Denis pour les régionales de décembre, après les négocations qui ont eu lieu entre Claude Bartolone et Jean-Vincent Placé.

Le 30 octobre, sur Twitter, Geoffroy Didier formulait d'ailleurs la même accusation à son encontre, mais n'hésitait pas à le nommer :

De fait Stéphane Gatignon est de longue date un partisan de la dépénalisation du cannabis afin de lutter contre le trafic de drogue, qui touche durement son département. Dans une interview à Libération en juin 2011, il expliquait également qu'il fallait selon lui "décriminaliser les autres drogues" :

 

"

Je pense qu'aujourd'hui, [...] la légalisation porte sur le cannabis. Par contre, je suis pour décriminaliser les autres drogues. On a vu qu'au Portugal la dépénalisation de l'ensemble des drogues fait qu'il y a un meilleur soutien aux gens qui consomment des drogues. On les considère plus comme des gens malades à aider que comme des criminels.

"

Quelques mois plus tôt, dans les colonnes du Parisien, il disait encore :

"

Aucun effet mécanique n'est prouvé entre la dépénalisation et l'explosion de la consommation des drogues, dures ou douces.

 

"

Auprès du média local de Dijon Gazzette Info en 2013, il réitérait son appel à la dépénalisation du cannabis, sans pour autant évoquer la question des drogues dures.

En résumé, Geoffroy Didier a plutôt raison. Si les déclarations de Stéphane Gatignon datent un peu, il n'a semble-t-il pas changé de position. Il ne l'a en tous cas pas dit publiquement.

Quelques jours après son tweet sus-cité, un autre candidat aux régionales dans la région capitale a en tous cas repris l'argument en question. Il s'agit de Wallerand de Saint Just, tête de liste FN, qui écrivait le 3 novembre :

[BONUS TRACK] Droit d'inventaire

Au début de l'interview, Geoffroy Didier s'est également exprimé sur les questions liées à la sécurité et à la politique pénale du gouvernement. Fustigeant les mesures de l'exécutif et plus précisément de Christiane Taubira, ministre de la Justice, il s'est soudain livré à une critique en règle du bilan de... Nicolas Sarkozy :

 

"

J'estime que cela a été une erreur de vouloir baisser le nombre de policiers et qu'il y a des priorités budgétaires.

"

Ce que le PS ne se prive jamais de souligner. Mais le même d'ajouter aussitôt : "Ce ne sont pas les socialistes qui vont nous donner des leçons en la matière." Ouf, l'honneur est sauf.

Du rab sur le Lab

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