Cela n'est guère surprenant mais Laurent Wauquiez n'est pas du tout sur la même longueur d'onde que Jean-Marie Le Guen en matière de cannabis. Lundi 11 avril, sur BFMTV, le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement s'est dit favorable à la "fin de la politique de prohibition" et a proposé une "légalisation contrôlée". Des mots qui font bondir le président LR de la région Rhône-Alpes-Auvergne.
Invité ce mardi matin sur RTL , Laurent Wauquiez commence sa diatribe anti-gouvernementale par un trait d'esprit, estimant que ce gouvernement veut "enfumer les gens". Cannabis, enfumer, etc. Vous l'avez ? Bien.
Puis, reprenant son sérieux cinq minutes, l'élu LR estime que l'exécutif aurait dans doute d'autres choses à faire avant de penser à la marie-jeanne :
"J'ai sincèrement l'impression que ce gouvernement ne comprend rien à la France. On a une économie qui plonge, on a un taux de chômage qui ne cesse d'augmenter, on a un pouvoir d'achat des classes moyennes qui ne va pas bien, on a une problématique de terrorisme et le gouvernement a trouvé la solution : on va dépénaliser le cannabis. Sincèrement, est-ce que tout ça est sérieux ?
"
Mais tout cela est tout de même bien pratique pour Laurent Wauquiez : cela lui permet de rebondir sur l'un de ses thèmes favoris : la dénonciation des dérives de l'assistanat. Car l'annonce sur le cannabis concerne la jeunesse même si Jean-Marie Le Guen a précisé que les levées d'interdiction éventuelles ne concerneraient pas les jeunes de moins de 21 ans. Or, Manuel Valls a présenté lundi plusieurs mesures à destination des jeunes . "J'ai un peu l'impression qu'on assiste au retour de toutes les vieilles lunes de gauche", dit-il. Et hop, le voici en train de critiquer les annonces du Premier ministre et notamment le prolongement de la bourse étudiante après la fin des études. Les élèves boursiers du secondaire toucheront 200 euros par mois sur quatre mois.
Laurent Wauquiez s'insurge :
"On propose donc de donner 250 euros à des jeunes qui ne sont pas étudiants et qui n'ont pas commencé à travailler. Moi ce qui me révolte là-dedans, c'est qu'on est en train de faire tourner la machine à assistanat et ça pour des étudiants et des jeunes qui n'ont même pas commencé à travailler. […] Le message qu'ils sont en train de leur envoyer, c'est qu'avant même d'avoir commencé à travailler, en France, on gagne plus par les prestations sociales.
"
Forcément, Laurent Wauquiez qui, en 2011, parlait des dérives de l'assistanat, comme du "cancer de la société française" ne voit pas d'un très bon œil qu'on puisse comme ça, sans contrepartie, donner de l'argent à des jeunes en sortie d'étude. "250 euros, ça va améliorer quoi ?" se demande-t-il avant de dire que lui préfère envoyer un autre message aux jeunes : "on se bat pour qu'à l'issue de vos études, vous trouviez votre premier stage".
Un "stage" et non pas un emploi, vous l'aurez noté. Sachant que la rémunération minimale d'un stage est d'environ 400 euros , les 200 proposés par le gouvernement ne sont sans doute pas négligeables. Peu importe pour Laurent Wauquiez qui poursuit :
"Pardon mais la jeunesse, elle ne se résume pas à Nuit Debout.
"
Voilà comment en moins de trois minutes Laurent Wauquiez arrive à parler du cannabis, de l'assistanat et Nuit Debout, sans toutefois développer cette dernière idée. Il estime que la jeunesse "ne se résume pas à Nuit Debout" mais il n'en dit pas plus.