Dure journée pour Marine Le Pen. À quelques heures de la fin de la campagne officielle, les partisans de la candidate s'accaparent le moindre sujet pour tenter de disqualifier leur adversaire. Dernier exemple avec ce SMS soi-disant envoyé en début de matinée par Reims En Marche et appelant les supporters d'Emmanuel Macron à venir perturber la venue de Marine Le Pen à la cathédrale locale , ce vendredi 5 mai.
Le contenu du texto est des plus violents. "Venez avec des amis et venez la siffler la huer et même bousculer ! Des ballons et drapeaux Macron et Europe sont dispo au local ! Venez ! Faut la tuer ! Go go go", peut-on lire. Très vite, ce SMS est repris par des partisans de Marine Le Pen. L'un des premiers à le relayer est Kevin Pfeffer, membre de la cellule Riposte de la campagne de Marine Le Pen. Ce message donne, selon lui, "un aperçu des méthodes de l'équipe Macron".
En Marche! lance un appel à la démocratie pour accueillir Marine à #Reims : "bousculer" "la tuer"
— Kévin Pfeffer (@K_Pfeffer) 5 mai 2017
Un aperçu des méthodes de l'équipe Macron. pic.twitter.com/IaURpo6ax3
David Rachline, directeur de campagne de Marine Le Pen, Florian Philippot, numéro 2 du FN, et Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, relayent eux-aussi ce message. Aucun des trois ne s'interroge sur la véracité de ce SMS. Et pourtant, un simple détail aurait pu leur mettre la puce à l'oreille des frontistes : comme l'a repéré le compte de fact-checking du site BuzzFeed, @verifie , l'heure indiquée sous le message, "9H32", ne correspond pas aux standards d'iOS, l'operating system des iPhone. Sous iPhone, "l'heure du message serait affichée 9:32 et non 9H32", écrit @verifie.
Cette image est un photomontage: sur iOS, l'heure du message serait affichée 9:32 et non 9H32 https://t.co/inD2URCzg3
— Vérifié (@verifie) 5 mai 2017
La preuve en image :
Peut-être est-ce un hasard mais, quelques minutes plus tard, Kevin Pfeffer a diffusé un autre SMS, dans lequel le message original apparaît, mais plus l'heure...
... assumez#Reims#EnMarcheContreLaDémocratiepic.twitter.com/iwFw3DCq65
— Kévin Pfeffer (@K_Pfeffer) 5 mai 2017
Dans un échange de texto avec le Lab, David Rachline s'indigne qu'on lui suggère que le SMS relayé semble faux. "Et les ballons, ils sont tombés du ciel ? Et les tshirts, ils les ont trouvés dans un Kinder surprise ?" s'interroge faussement le directeur de campagne de Marine Le Pen.
Sur Twitter, il diffuse des photos montrant des militants d'En Marche perturbant la venue de Marine Le Pen à Reims. Wallerand de Saint-Just fait de même. Auprès du Lab, le trésorier du FN explique ne pas savoir si le SMS diffusé est vrai ou faux. Mais là n'est pas l'important, semble-t-il. Il dit :
"Je ne sais pas si le texto est faux mais il est d'autant plus vrai qu'il correspond exactement à ce qu'il s'est passé. Ces gens-là étaient bien venus pour bousculer Marine Le Pen. Si elle était tombée entre leurs mains, elle aurait passé un mauvais quart d'heure.
"
On résume : le SMS est peut-être faux mais les scènes observées à Reims, où Marine Le Pen fut, avec Florian Philippot et Nicolas Dupont-Aignan, copieusement malmenée , prouvent que ce SMS pourrait être vrai. CQFD.
De leur côté, les équipes d'Emmanuel Macron à Reims nient avoir envoyé un tel texto, comme le relaye une journaliste de LCI.
@enmarchereims dément être à l'origine de ce SMS et dénonce un "faux" https://t.co/Jb6y7YaDHH
— Justine Faure (@Faure_Justine) 5 mai 2017
À noter qu'à Reims, parmi les 400 personnes, environ, présentes à la cathédrales, il y avait des membres d'En Marche ! mais également des lycéens, des étudiants ou encore des proches de La France insoumise.