Le gouvernement crée des "mini-Calais" ou le bon gros élément de langage des Wauquiez, Estrosi, Ciotti & cie

Publié à 11h02, le 14 septembre 2016 , Modifié à 10h17, le 19 septembre 2016

Le gouvernement crée des "mini-Calais" ou le bon gros élément de langage des Wauquiez, Estrosi, Ciotti & cie
Laurent Wauquiez, Christian Estrosi, Valérie Pécresse et Éric Ciotti © Montage via AFP

C'est le joli élément de langage trouvé par de nombreux élus Les Républicains depuis la publication, mardi 13 septembre par Le Figaro , du plan gouvernemental visant à répartir sur le territoire français les migrants entassés dans la "jungle de Calais". Le ministère de l'Intérieur a envoyé ses consignes aux préfets pour vider Calais et faire émerger "d'ici la fin de l'année 2016" plus de 12.000 places dans les centres d'accueil et d'orientation partout en France, rapporte le quotidien.

Depuis, de nombreux élus Les Républicains, et notamment au moins trois présidents de région, se sont profondément émus des mesures envisagées par le gouvernement. Mais, heureusement, ces élus LR ont trouvé la parade, ou du moins le joli élément de langage qui permet de marquer l'opinion, quitte à raconter n'importe quoi.

Depuis mardi, Christian Estrosi, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Éric Ciotti ont ainsi  dénoncé le plan du gouvernement en l'accusant de vouloir implanter des "mini-Calais" en France.

Dès lundi, jour de la mise en ligne du papier du Figaro, Christian Estrosi a envoyé un courrier à Manuel Valls. Le président LR de Provence-Alpes-Côte d'Azur dénonce le plan gouvernemental. "Je refuse que l'on crée au cœur de nos territoires autant de micro 'Jungles' de Calais", a écrit le premier adjoint à la mairie de Nice.

Son comparse Éric Ciotti a fait de même mardi. Sur son site , le député LR des Alpes-Maritimes n'a pas fait dans la demie-mesure. Pour quoi faire, après tout ? Il a estimé :

 

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L’irresponsabilité qui a gagné le Gouvernement est devenue aujourd’hui un vrai danger pour la France condamnée à voir proliférer sur son territoire une multitude de 'petits Calais', véritables zones de non-droit qui exacerberont durablement les tensions partout dans le pays.

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On se dit alors qu'il s'agit là d'un langage provençal, qu'Éric Ciotti parle de "petits Calais" avé l'accent et que donc, compte tenu du personnage, il convient de ne pas relever. Mais la formule ne saurait se limiter à PACA. Ce mercredi sur RTL , c'est au tour de Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes / député LR de Haute-Loire / président par intérim de Les Républicains reprend à son compte. Celui qui est décrit comme un "fou" par Éric Woerth dit :

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C'est de la folie. Et le sujet n'est pas une question de solidarité. Le gouvernement n'est pas en train de démanteler Calais. On ne résout pas Calais, on va multiplier les Calais partout en France.

 

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Notons par ailleurs qu'un peu plus loin dans l'interview, Laurent Wauquiez explique tout de go que le gouvernement est en train de "mettre la poussière sous le tapis" en agissant de la sorte. Une expression employée mardi sur le même sujet par… Marion Maréchal-Le Pen.  "On cache la poussière sous le tapis. Ça veut dire qu’on va mettre ça dans les campagnes françaises alors que nous savons que les campagnes françaises sont déjà sinistrées", a-t-elle dit sur FranceInfo:, désignant les migrants sous le terme "ça", donc, mais c'est un autre sujet.

Encore plus au nord, on trouve Valérie Pécresse. La présidente de la région Île-de-France utilise elle aussi, ce mardi sur BFMTV , l'élément de langage en vogue à LR cette semaine. Interrogée sur le plan gouvernemental pour démanteler la "Jungle" de Calais. Elle dit :

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Le gouvernement m'a demandé de pouvoir mettre un campement de migrants à Cergy-Pontoise et un autre à Vernouillet, sur la base de Verneuil-sur-Seine. J'ai dit que je ne le souhaitais pas parce qu'on est potentiellement en train de faire des 'mini Calais' en Île-de-France et ça, ça n'est pas acceptable.

 

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Ce discours prononcé en canon ne ravit pas la maire de Calais, qui est pourtant elle-aussi membre du parti Les Républicains. Dans Le Parisien ce mercredi (donc avant les interviews de Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse), Nathalie Bouchart s'indigne. "On continue de détruire l'image de Calais en disant que vont se multiplier partout des 'petits Calais'. On n'utilisera pas le nom de ma ville à n'importe quelle sauce ! J'en toucherai deux mots aux personnes concernées", prévient-elle, avant d'asséner une jolie alerte à la démagogie :

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C'est facile de m'envoyer des messages de soutien sur le terrain ou sur les plateaux de télévision, mais quand on entre dans le vif du sujet, c'est compliqué…

 

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Côté gouvernement, on s'indigne aussi des accusations formulées par Wauquiez & Cie. Interrogé par France Inter mercredi, Bernard Cazeneuve dénonce ainsi la multiplication de ce type d'outrances à droite. Le ministre de l'intérieur, mettant ça sur le compte de la primaire, accuse surtout ces élus de raconter n'importe quoi :

 

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Lorsqu'un certain nombre de responsables de l'opposition - qui n'ont de responsable que le nom - expliquent que nous allons créer des mini-Calais partout en France alors que nous plaçons ceux qui sont à Calais qui relèvent du droit d'asile dans des Cada (Centres d'accueil des demandeurs d'asile, NDLR), ils mentent aux Français.

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[BONUS TRACK]

Ce lundi 19 septembre, Gérald Darmanin a été interrogé sur cet élément de langage. Et étonnamment, le "coordinateur" de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la primaire a affirmé que Laurent Wauquiez n'avait pas parlé de "mini-Calais" mais de "mini-jungles". Voici ce qu'a dit celui qui est aussi maire de Tourcoing sur BFMTV :

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Alors moi j'ai pas entendu Laurent Wauquiez dire ça. [...] Ce n'est pas vrai, il a sorti 'les mini-jungles', voilà. Ce n'est pas les 'mini-Calais', c'est les 'mini-jungles'.

 

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Dans sa déclaration sur RTL, le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne craint de voir se "multiplier les Calais" en France. Il n'utilise donc pas, à l'oral, l'expression précise "mini-Calais" ou "petit Calais" - ni "mini-jungles", comme l'affirme Darmanin. Il l'a cependant fait sur Twitter le même jour, en relayant cette interview...

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