"L’euro va mourir. Il va y avoir une crise financière. Tout le monde sait que l’euro n’est pas viable. Beaucoup de prix Nobel d’économie, même s’ils font des tribunes contre moi, qui disent qu’il n’est pas viable. Je parle de Stiglitz…" Encore une fois, ce mercredi 19 avril sur BFM TV, Marine Le Pen a cité l’économiste Joseph Stiglitz pour appuyer ses critiques répétées contre l’euro, à quatre jours du premier tour de l’élection présidentielle.
Régulièrement cité par le FN, Joseph Stiglitz ne semble pas apprécier d’être une référence pour le parti d’extrême droite. Dans une série de tweets publiés le 18 avril, l’économiste américain dénonce cette récupération et écrit qu’il aimerait bien que le FN cesse de faire référence à lui :
"J’aimerais que Marine Le Pen arrête de faire comme si j’étais d’accord avec elle et ses idées.
"
I wish Marine Le Pen would stop acting like I agree with her and her ideas.
— Joseph E. Stiglitz (@JosephEStiglitz) 18 avril 2017
"Pour rappel : je ne suis pas un soutien de Marine Le Pen", avait-il écrit juste avant, rappelant également que, "la famille de sa femme avait dû fuir la France pendant la guerre".
For the record: I am not a supporter of Marine Le Pen.
— Joseph E. Stiglitz (@JosephEStiglitz) 18 avril 2017
Apart from anything else, I am Jewish and my wife's family fled France during the war.
— Joseph E. Stiglitz (@JosephEStiglitz) 18 avril 2017
S’il a effectivement écrit en 2016 un texte très critique envers la monnaie unique européenne , plaidant pour une division de la zone euro en deux parties, Joseph Stiglitz fait partie des 25 prix Nobel d’économie qui ont dénoncé dans une tribune au Monde le programme antieuropéen de Marine Le Pen.
"Certains d'entre nous ont été cités par des candidats à l'élection présidentielle française, notamment par Marine le Pen et ses équipes, pour justifier un programme politique sur la question de l'Europe", écrivent ces 25 économistes, dont l'Américain Robert Solow (prix Nobel en 1987), l'Indien Amartya Sen (1998) et le Français Jean Tirole (2014). Malgré des "positions différentes" sur "l'union monétaire et les politiques de relance", "nos opinions convergent pour condamner cette instrumentalisation de la pensée économique", ajoutent les signataires, qui jugent la construction européenne "capitale" pour maintenir le progrès économique des membres de l'UE.
Sur TF1, mardi soir, Marine Le Pen a jugé que la signature de Joseph Stiglitz était "contraire à ce qu'(il) disait sur l'euro, il disait que l'euro n'est pas viable et qu'on pouvait très bien vivre et même mieux vivre sans". "Je continuerai à le citer car je trouve que ce qu'il dit sur l'euro est extrêmement intéressant", a assumé la candidate frontiste.