A 24 jours du premier tour de l’élection présidentielle se profile une première dans l’histoire politique française : les deux grands partis dits de gouvernement, PS et LR, risquent l’élimination dès le premier tour, au profit de Marine Le Pen pour le FN et d’Emmanuel Macron pour En Marche.
Pour le PS et Benoît Hamon, l’affaire est d’autant plus compliquée que Manuel Valls, ex-Premier ministre de François Hollande et ex-chef de la majorité socialiste (jusqu’en décembre 2016), a décidé de voter pour Emmanuel Macron et non plus le vainqueur de la primaire de la BAP comme il s’y était engagé. Ce choix signe-t-il l’arrêt de mort d’un PS qui connaît depuis 2012 une hémorragie d’élus et de militants ?
Ils sont nombreux à le penser, au sein même du parti alors que Jean-Christophe Cambadélis ne montre aucune réelle fermeté à l’égard de ceux qui quittent le navire. "Le parti tel qu’il a existé est mort", confie au Parisien de ce jeudi 30 mars un dirigeant socialiste alors qu’Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, s’amuserait presque d’observer "ce petit événement historique" qu’est, selon lui, "la fin du PS".
Pour le frondeur Christian Paul, qui estime depuis longtemps que le PS est "en fin de cycle" et qui espérait un nouveau parti avec le PCF et EELV pour 2017 , le sujet est remis sur la table avec la décision de Manuel Valls.
Au Figaro de ce jeudi 30 mars, il prône la construction "d’un nouveau parti et un parti de type nouveau". Ce n’est pas Yannick Jadot, désormais allié à Benoît Hamon qui dira le contraire. Sur BFM TV, mercredi, l’écolo a lancé :
"Le paysage politique est totalement clarifié. Les forces qui veulent le changement doivent se rassembler.
"
"Le parti est aujourd’hui au pied du mur", renchérit le vallsiste Malek Boutih au Parisien, faisant peser la responsabilité de cette descente aux enfers "aux deux Premiers secrétaires du parti de 2002 à 2012", soit François Hollande et Martine Aubry. Et d’ajouter qu’il faut désormais faire un grand ménage de printemps rue de Solférino et "changer de nom, de pratiques, de mode d’adhésion" :
"C’est l’effondrement de Benoît Hamon dans les intentions de vote qui signe la fin du PS. Benoît Hamon est en réalité minoritaire au Parti socialiste. Le PS est à la fin d’un cycle. Quand on change, il faut changer jusqu’au bout.
"
Mais tout le monde ne semble pas encore prêt à achever le parti du poing à la rose.
"Les majoritaires voudront garder le nom, la marque", pronostique un dirigeant PS au Parisien. Vallsiste et décidé à voter pour Emmanuel Macron, le député Philippe Doucet pense aussi que tout n’est pas joué. "Ce n’est pas la fin du Parti socialiste", veut-il croire ce jeudi sur LCP. Avant de prendre rendez-vous pour l’après séquence électorale de la présidentielle et des législatives :
"Il y a aura un Congrès de clarification !
"
Un congrès qui s’annonce des plus chaleureux, dans la grande tradition socialiste . Si le parti existe encore à l’automne.