Le projet de loi contre le terrorisme, qui vise à sortir de l'état d'urgence en incluant dans le droit commun des dispositions jusqu'ici exceptionnelles, est actuellement débattu à l'Assemblée nationale . Une ritournelle qui permet à certains députés de recycler leurs idées rejetées par le passé. Sait-on jamais que sur un malentendu, cette fois, cela fonctionne…
Des députés LR, dont Éric Ciotti et Guillaume Larrivé, jamais avares en matière d'initiatives sécuritaires , ont ainsi déposé plusieurs amendements visant à coupler caméras de surveillance et reconnaissance faciale, comme l'a noté le site spécialisé NextImpact .
Les amendements 184 et 191 prévoient de permettre "le recueil en temps réel de l’image d’une personne par le moyen de la vidéoprotection", "à des fins d’exploitations biométriques et de reconnaissance automatique des visages". L'amendement 229 , déposé notamment par Éric Ciotti et Guillaume Larrivé, suggère d'utiliser cette technologie pour prévenir les actes terroristes. On peut lire :
"Compte tenu des récents progrès dans le domaine des algorithmes de reconnaissance faciale et d’analyse vidéo en temps réel, comme un temps différé, la vidéoprotection couplée à une technologie de reconnaissance faciale est de nature à offrir des gains significatifs en matière d’identification criminelle ou terroriste et d’analyse du renseignement.
"
Le problème d'une telle mesure est qu'elle peut annihiler la liberté de chacun de se déplacer selon son bon vouloir anonymement. "En s’appuyant sur une base de photographies préenregistrées reliée à un système de vidéoprotection et à un dispositif de reconnaissance automatique des visages, il est désormais techniquement possible d’identifier un individu dans une foule. Si cette technologie n’en est qu’à ses balbutiements, il importe de comprendre que son caractère intrusif est croissant puisque la liberté d’aller et venir anonymement pourrait être remise en cause", juge ainsi la Cnil .
NextImpact rappelle que des députés ont déjà, en 2016 puis en 2017, tenté de faire adopter une telle mesure. En 2016, Jean-Jacques Urvoas, alors ministre de la Justice, avait pointé du doigt "des risques d’atteinte aux libertés publiques".