Les petits indices du double discours du gouvernement sur le 49.3 et la loi Travail

Publié à 20h25, le 03 mai 2016 , Modifié à 20h28, le 03 mai 2016

Les petits indices du double discours du gouvernement sur le 49.3 et la loi Travail
Manuel Valls à l'Assemblée nationale © Montage Le Lab via AFP

BLUFF ET DOUBLE-BLUFF - Tout a commencé le 19 février dans une interview de Myriam El Khomri aux Échos. La loi Travail était alors à peine connue que déjà, la ministre du Travail menaçait de "prendre ses responsailités" en cas de blocage à l'Assemblée, donc de faire usage de l'article 49-3 pour faire passer sa réforme en force.

On a depuis eu confirmation du fait que c'est bien Manuel Valls qui, à la relecture, avait ajouté cette menace destinée aux parlementaires socialistes opposés au texte. Lundi 2 mai encore, dans l'entourage de Myriam El Khomri, on confiait au Lab que ce coup de menton primo-ministériel ne les avait "pas franchement aidés"... Euphémisme, quand tu nous tiens.

Depuis quelques semaines, la pression était quelque peu retombée autour de ce sujet explosif. Mais avec l'arrivée de la loi Travail à l'Assemblée ce mardi 3 mai et l'opposition de la "fronde" socialiste qui ne faiblit pas, les *spéculations* ont été relancées.

# La petite phrase en off

Et il semblerait bien que Matignon manie amplement le double discours sur ce fameux 49-3, Manuel Valls assurant publiquement n'avoir aucune intention d'y avoir recours tandis que son entourage indique l'inverse, aussi bien par les mots que par les actes. Deux exemples en attestent.

D'abord cette phrase, lâchée au Point par une "source gouvernementale" anonyme, lundi après-midi : "Le gouvernement envisage en effet de passer la loi au 49-3." Quelques heures plus tard, dans l'avion qui le ramenait d'Australie à Paris, Manuel Valls himself démentait officiellement auprès de la presse, affirmant : "Ce n'est pas un choix que nous privilégions". Et ce alors qu'il manque pourtant 40 voix socialistes pour obtenir une majorité sur ce texte. 

# La séance de potassage de dernière minute

Ensuite, cette petite anecdote, sorte de micro-événement pourtant révélateur raconté par Le Canard Enchaîné mercredi 4 avril. La scène se déroule ce mardi matin, en pleine réunion du groupe PS à l'Assemblée :

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Yves Colmou, conseiller spécial du Premier ministre, a été supris (et photographié) [...] en train de lire un texte concernant l'usage de l'article 49-3.

 

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Il est vrai qu'il n'est pas interdit de se rencarder, après tout... Mais la chose était-elle volontaire, alors que tous les députés PS présents pouvaient le voir (ce qui s'est effectivement produit) ? Qui sait ?

Quoi qu'il en soit : après les menaces très directes et martiales par voie de presse interposée, Manuel Valls a visiblement décidé de continuer à faire planer le spectre du passage en force sur ses troupes parlementaires par des moyens détournés. Mais (presque) tout autant visbiles.

Du rab sur le Lab

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